COP29 : Frustration et colère face à l’offre de financement climatique insuffisante

23 Nov, 2024

La COP29 joue la prolongation à Bakou, et après deux semaines de négociations tendues, le texte proposé vendredi soir sur le financement climatique soulève une vague de frustration et de colère parmi les pays les plus vulnérables face au changement climatique.

Le projet de financement, évalué à 250 milliards de dollars par an d’ici 2035, a été largement rejeté par les pays en développement, jugé insuffisant pour répondre aux défis croissants d’adaptation et de transition énergétique. Cette proposition, bien loin des 1 300 milliards de dollars nécessaires chaque année, a ravivé les tensions entre les nations riches et pauvres, alimentant la colère des négociateurs et des militants de la société civile. Les pays du G77+Chine et plusieurs organisations de la société civile ont exprimé leur rejet catégorique de ce montant, qui ne permettrait pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre ni de réaliser les investissements nécessaires dans la résilience des infrastructures climatiques.

Plus de subventions, moins de prêts

Un autre point de désaccord majeur réside dans la nature du financement proposé. Les pays en développement réclament principalement des subventions, qui seraient non remboursables, pour financer leurs efforts d’adaptation et de transition énergétique. Cependant, le projet actuel repose largement sur des prêts à faible intérêt, un mécanisme qui pourrait conduire à une augmentation de la dette dans les pays déjà fragilisés par des crises économiques et environnementales. Une offre qui sonne encore une fois comme une forme d’injustice climatique, où les plus touchés seraient contraints d’assumer les coûts d’une crise qu’ils n’ont pas provoquée.

Un plan de financement complexe et insuffisant

Le plan de financement proposé repose sur trois couches : une première couche de financement public de 250 milliards de dollars, une seconde axée sur des sources de financement innovantes comme les taxes sur les combustibles fossiles et les compensations carbone, et une troisième centrée sur des investissements privés dans les énergies renouvelables. Si ces mécanismes sont bienvenus, ils souffrent d’importantes faiblesses : la première couche reste insuffisante face aux enjeux mondiaux, les sources innovantes sont souvent instables, dépendantes de politiques fluctuantes et non garanties et les investissements privés, motivés par des rendements financiers à court terme, risquent de se révéler insuffisants pour atteindre les objectifs climatiques globaux tout en soutenant les pays vulnérables.

Les experts soulignent qu’en l’absence de mécanismes fiables et solides, cette approche pourrait se révéler inefficace pour accompagner la transition énergétique des pays en développement et les aider à s’adapter aux impacts du changement climatique. Les financements proposés sont incertains et risquent de ne pas fournir l’aide continue et fiable dont ces pays ont besoin.

La société civile en colère

Les pays vulnérables expriment leur frustration face à ce qu’ils considèrent comme un manque de respect des pays riches, qui semblent ignorer les réalités vécues par les populations les plus touchées. Des figures comme Safa Al Jayoussi d’Oxfam n’ont pas mâché leurs mots, qualifiant cette proposition de « flop honteux du leadership » et appelant à un financement plus substantiel, fondé sur des subventions véritablement adaptées aux besoins urgents des pays en développement.

Greta Thunberg, quant à elle, a qualifié le projet de « catastrophe totale », soulignant : « Les personnes au pouvoir sont sur le point d’approuver une sentence de mort pour d’innombrables vies déjà détruites ou en danger à cause de la crise climatique. »

Les ONG et experts dénoncent un manque de vision à long terme et surtout une réelle ambition. Lorsque l’on sait que seulement 0,22 % du PIB mondial est proposé pour lutter contre le changement climatique, en comparaison des dépenses militaires mondiales qui atteignent chaque année 10 à 20 fois plus, on peut légitimement se demander si l’avenir de la planète est une priorité pour les pays développés.

Verdict final dans quelques heures.

Par Amina Idan Paul

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