Hydroponie : La start-up Eco Farm au défi du changement climatique

Il est possible de faire pousser des plantes sans terre. Celle-ci est alors remplacée par un substrat neutre (billes d’argile, sable, feutre horticole…), voire même par de l’eau. C’est ce qu’on appelle l’hydroponie ou hydroculture.

 

Mohamed Houmed Mohamed lors de la 1ère édition du concours D-startup

Alors que le changement climatique, la raréfaction des ressources en eau et la dégradation des sols sont au cœur de tous les débats, l’agriculture hydroponique pourrait en partie être la solution à ces problèmes.

 

Si cette technique a autant le vent en poupe, c’est aussi parce qu’elle possède un formidable atout écologique : la préservation de la ressource en eau. Selon les études, cette nouvelle technique agricole permet d’économiser jusqu’à 95 % d’eau. L’hydroponie offre également des rendements nettement supérieurs à l’agriculture traditionnelle en pleine terre et cela sans usage de pesticides.

 

C’est dans ce contexte, que deux jeunes entrepreneurs Mohamed Houmed Mohamed et Dimis Daoud Ahmed ont créé la start-up “ECOFARM” à Djibouti. Des bancs du lycée jusqu’à maintenant, ils ont travaillé ensemble pour repérer et apporter des solutions innovantes aux défis environnementaux à Djibouti.

 

Leur jeune entreprise ambitionne aujourd’hui de développer la production hors-sol et diversifier l’offre dans le pays en termes de fruits et de légumes. En effet, Djibouti souffre d’un déficit en terres cultivables et en eau qui aggrave les problèmes d’insécurité alimentaire et de production agricole. Le projet d’agriculture hydroponique d’ECOFARM permettrait d’améliorer la productivité agricole des populations rurales et réduire ainsi leur vulnérabilité face au changement climatique.

 

L’hydroponie, comment ça marche ?

 

L’hydroponie, c’est la culture de végétaux sans sol, et dans l’eau. Les plantes grandissent dans des bacs d’eau mélangée à une solution qui apporte des sels minéraux et des nutriments essentiels à la plante. Les supports de culture pour les plantes remplaçant la terre peuvent être constitués de billes d’argile, de mousse synthétique ou laine de roche. L’hydroponie permet de cultiver des plantes, des légumes et végétaux. C’est une agriculture innovante adaptée aux évolutions climatiques et respectueuse de l’environnement d’autant qu’elle offre la meilleure solution pour optimiser la consommation d’eau, des pesticides et des engrais.

Nos deux jeunes entrepreneurs djiboutiens se sont lancés dans ce projet innovant et inspirant. Ils sont aujourd’hui en passe de le réaliser grâce à un concours national qui leur donnerait un coup de boost. Le programme appelé D Start-Up et organisé par le Fonds Souverain de Djibouti, récompense les projets innovateurs de jeunes entrepreneurs et entrepreneuses djiboutiens.

On leur souhaite bonne chance !

Sécheresse en Afrique de l’Est : une catastrophe qui passe sous silence

Depuis plusieurs mois, l’Afrique de l’Est, et plus précisément certaines parties de la Somalie, de l’Éthiopie et du Kenya, sont exposées à une sécheresse hors-norme. Des températures records et des conditions extrêmes qui n’ont cessé de s’aggraver au cours de ces dernières années. Selon les agences humanitaires de l’ONU, la région fait face à “un événement climatique inédit depuis au moins 40 ans”.

Conflits en Ukraine, criquets, sécheresses

 

 

Quatre mauvaises saisons de pluie successives en octobre 2020, mars 2021, octobre 2021 et mars 2022 ont entraîné une sécheresse extrême, étendue et persistante. Les récoltes sont ravagées, le bétail meurt et la faim augmente. L’ONU estime à 3,6 millions le nombre de têtes de bétail mortes au Kenya et en Éthiopie à cause de la sécheresse, dans des zones où l’élevage est la principale source de revenus des populations locales. En Somalie, c’est plus d’un animal sur trois qui a péri depuis la mi-2021.

Par ailleurs, les précipitations insuffisantes ont forcé un grand nombre de personnes à quitter leurs maisons à la recherche de nourriture et d’eau potable. Au premier trimestre de l’année 2022, on comptait plus de 13 millions de personnes déplacées en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. Une situation qui accentue les problèmes d’insécurité alimentaire dans la région. Ils sont actuellement plus de 16,7 millions de personnes dans les trois pays à souffrir de faim aiguë et ce nombre devrait atteindre 20 millions d’ici septembre.

Djibouti est frontalière de l’Ethiopie et de la Somalie pour lesquels certaines zones sont confrontées à la sècheresse depuis quelques semaines maintenant. D’après une analyse IPC menée en mai 2022, le nombre de personnes en insécurité alimentaire aiguë élevée à la fin de l’année est estimée à 192 000 personnes, soit 16% de la population totale. Pour ne rien arranger, la guerre en Ukraine a fait grimper le cours de certaines denrées alimentaires. Aujourd’hui, le blé se fait rare et atteint des prix inabordables. La raréfaction et la hausse des prix touchent tout le continent africain. A Djibouti, la crise ukrainienne a impacté les produits alimentaires tels que le blé, l’huile et la farine

Mais pour des pays comme le Kenya, l’Éthiopie, le Soudan et le Soudan du Sud qui importent au moins un tiers de leur blé d’Ukraine ou de Russie, les choses se compliquent. La situation est encore plus critique pour la Somalie, qui importe même 90% de son blé auprès de ces deux pays.

Le 14 juin, Paul Kagame, le président rwandais déclarait qu’“il était inacceptable que l’Ukraine, un pays de 44 millions d’habitants, nourrit l’Afrique, un continent de 1,4 milliards d’habitants“. Il devient donc urgent de créer un système alimentaire basée sur une agriculture familiale et surtout locale pour assurer la sécurité alimentaire de l’Afrique.

Enfin, les invasions de criquets voraces de 2020 et 2021 ont dévoré des milliers d’hectares de cultures, affectant, en 2021, l’alimentation de 3,5 millions de personnes dans la Corne, particulièrement au Kenya, qui a connu la pire invasion de criquets pèlerins depuis plus de quarante ans.

 

Une réponse tardive malgré les signaux d’alerte

 
 

En septembre et novembre 2021, les scientifiques du réseau du système d’alerte précoce contre la famine (Famine Early Warning Systems Network) lançaient déjà un avertissement selon lequel une sécheresse extrême était imminente dans la Corne de l’Afrique si les faibles précipitations saisonnières se poursuivaient en 2022.

Dans un autre rapport publié en novembre 2021, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) mettait en garde contre une sécheresse imminente et s’inquiétait que «la combinaison de saisons consécutives de précipitations inférieures à la moyenne, des prix élevés des denrées alimentaires et des conflits localisés risque d’aggraver davantage l’insécurité alimentaire aiguë en Somalie ».

Cependant malgré ces signaux avant-coureurs, aucune réponse suffisante n’a été apportée avant que la crise atteigne le seuil critique. Les États et la communauté internationale n’ont pas su anticiper la crise alimentaire en dépit de l’amélioration des systèmes d’alertes précoces et des efforts déployés par les ONG sur le terrain.

Autre chose : malgré l’urgence, les appels pour répondre à la sécheresse restent largement sous-financés. Le Programme Alimentaire Mondial avait réagi en février 2022 en lançant un appel à financements de 426 millions de dollars. Seul 4% de la somme avait été réunie. Pourquoi ? Parce que la levée de fonds importants pour l’action humanitaire dépend à ce jour de l’attention des médias et du public, qui n’est mobilisée qu’une fois que le niveau critique de la crise est atteint. Un mécanisme défaillant car les populations ont, entre-temps, épuisé tous leurs moyens de subsistance.

Dans un rapport publié en mai 2022 par les ONG Oxfam et Save the Children et dans lequel ils dénoncent justement ces inactions, les chiffres avancés sont dramatiques. Selon leurs estimations, une personne meurt de faim toutes les 48 secondes, en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, des chiffres qui risquent d’empirer dans les mois à venir.

Les méthodes d’actions en cas de crise doivent donc changer. Il faut agir vite et éviter qu’une catastrophe humanitaire comme celle de 2011 se répète. Cette sécheresse qui avait coûté la vie à 260 000 personnes en Somalie – mortes de faim – dont la moitié étaient des enfants âgés de moins de six ans. Cette crise qui avait pourtant eu des signes avant-coureurs visibles dès août 2010, avait frappé plus de 13 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique.

Tous les acteurs (États, donateurs, ONG) doivent modifier leur approche vis-à-vis des situations de sécheresse chronique et ne doivent pas attendre la confirmation de la catastrophe avant d’intervenir. D’autant plus que d’après les experts du climat, ces événements climatiques risquent d’être plus fréquents et plus intenses en raison du changement climatique.

Afrique : entre envie de développement et réalité climatique

Alors que l’Afrique n’est responsable que de 4 % des émissions mondiales, elle est pourtant disproportionnellement affectée par le changement climatique, menaçant la vie des populations sur place. Aucune région n’est épargnée par des phénomènes météorologiques de plus en plus imprévisibles.

L’Afrique, en première ligne face au changement climatique

 

L’Afrique australe est gravement affectée par le réchauffement climatique. Inondations soudaines, précipitations irrégulières et sécheresses prolongées sont les facteurs qui ont décimé l’agriculture dans cette région qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. En 2019, les cyclones Idai et Kenneth provoque des inondations catastrophiques au Zimbabwe, au Mozambique et au Malawi, faisant plus d’un millier de morts, plus de 2,6 millions de sinistrés et des dégâts considérables. Selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM), environ 45 millions de personnes sont, un nombre record, menacées par la famine en Afrique australe à cause des périodes de sécheresses intenses et à d’importantes inondations conjuguées à l’instabilité économique.

La région du Sahel est particulièrement sensible aux variations de températures. Et pour cause, sa population est fortement dépendante de l’agriculture pluviale et de l’élevage. Mais comme partout ailleurs, le Sahel subit les effets du changement climatique marqués par des sécheresses prolongées, des pluies diluviennes et des inondations inattendues. Des bouleversements climatiques qui menacent les moyens de subsistance des populations agricoles de la région et accentuent les tensions entre communautés. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO, 29,2 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire dans le Sahel.

Les pays de l’Afrique de l’Est ne sont pas épargnés. Le phénomène El Nino couplé aux changements climatiques dérègle le climat de la région qui souffre de plus en plus et régulièrement de cyclones tropicaux. Des variations climatiques qui favorisent la prolifération de rongeurs comme les criquets pèlerins. Depuis 2020, la Somalie, le Kenya, l’Éthiopie, Djibouti et le Soudan font face à une invasion de criquets qui menace les cultures. Selon Cyril Ferrand, un expert de la FAO, l’invasion de criquets a affecté l’alimentation de près de 2,5 millions de personnes en 2020 dans la région.

Le changement climatique, une menace pour l’économie

 

Une agriculture mise à mal. L’agriculture, pourtant au cœur de l’économie de la majorité des pays d’Afrique est aussi menacée par le changement climatique. Hausse des températures, sécheresses, inondations, criquets pèlerins, ont des conséquences directes sur les récoltes, menaçant la sécurité alimentaire de millions de personnes.

Dans un continent où 95% de l’agriculture est pluviale, la raréfaction de l’eau entraînera une baisse de 20 % des rendements agricoles d’ici 2050, selon les experts. Le riz et le blé devraient être les cultures les plus touchées avec une perte de rendement d’ici 2050 de 12% et 21%, respectivement. Le défi est d’autant plus grand que l’agriculture fait vivre plus de la moitié des Africains et que la population sur le continent devrait doubler d’ici 2050. Une vulnérabilité au changement climatique qui s’explique par une forte dépendance à l’égard de la pluie, par des techniques agricoles limités et une agriculture encore peu intensive. En effet, la majorité des agriculteurs africains est composée de petites exploitations familiales qui subissent lourdement les aléas climatiques.

La baisse de la production agricole, la pénurie d’eau et les aléas climatiques, soulèvent également la question des réfugiés climatiques. Dans une nouvelle étude publiée en septembre 2021, la Banque mondiale prévoit ainsi que, d’ici 2050, l’Afrique subsaharienne pourrait compter jusqu’à 86 millions de migrants climatiques. Un scénario déjà en cours en Somalie où les inondations ont forcé 270 000 habitants de la ville de Beledweyne à trouver refuge au nord de Mogadiscio en novembre 2019. Le pays compte aujourd’hui près de 2,9 millions de réfugiés climatiques dispersés à l’intérieur du pays. Des déplacements de populations qui coûtent chers aux pays africains, souvent débordés face à cet afflux massif et imprévu de population.

Des dommage matériels. Les secteurs du bâtiment, des infrastructures ainsi que les secteurs du transport subissent de nombreux dommages à cause des impacts du changement climatique. Des dommages majoritairement causés par l’augmentation de la fréquence des évènements climatiques extrêmes, et notamment de celles des tempêtes et inondations qui coûtent chères. En 2019, tout ou presque a été ravagé par le cyclone Idai. Beira, la deuxième ville du Mozambique, a été détruite à plus de 90% d’après l’IFRIC (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge). La Banque mondiale estimait à plus de 2 milliards de dollars les dommages causés par le passage du cyclone Idai au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi.

Dans la même année, Djibouti, petit pays d’Afrique de l’Est, était frappé par Sagar, un cyclone tropical relativement rare. L’évaluation post-cyclone menée par le gouvernement djiboutien et la Banque Mondiale, estimait à 29 millions USD les dégâts subis dans la capitale Djibouti-ville.

Selon l’indice ND-Gain, sur les 10 pays les plus vulnérables au changement climatique, 5 sont africains. Ces pays sont le Tchad, la République Centrafricaine, l’Erythrée, la Guinée-Bissau et la République démocratique du Congo. L’indice ND-Gain pour Notre Dame Global Adaptation Initiative est proposé par l’Université Notre Dame et évalue la vulnérabilité d’un pays face au changement climatique en fonction de sa capacité d’adaptation. Djibouti est actuellement à la 124ème place, c’est le 58e pays le plus vulnérable et le 52e pays le moins prêt. Une vulnérabilité au changement climatique qui trouve son explication dans une forte exposition aux effets du réchauffement climatique couplée à de faibles capacités d’adaptation.

 

Conjuguer développement et changement climatique

 

Le développement socio-économique des états africains est aujourd’hui compromis par des années de croissance des pays industrialisés. En effet, selon la Banque africaine de développement, l’impact du changement climatique sur le continent pourrait atteindre 50 milliards de dollars par an d’ici à 2040, avec un recul supplémentaire de 30 % du PIB d’ici à 2050. Or les financements climatiques promis par les pays développés tardent à arriver en Afrique. Une situation profondément injuste.

En attendant donc que les pays riches respectent leurs engagements, les africains se doivent réagir eux-mêmes. Le rôle des pays africains est plus que déterminant dans la gestion des crises climatiques sur le continent.

Tirer profit de la technologie

A cause de saisons irrégulières et de modifications des régimes de pluies, les agriculteurs ne peuvent plus se fier à leurs repères naturels. Il existe cependant une variété importante d’outils d’alerte précoce pour aider les agriculteurs qui reçoivent alors les prévisions météorologiques par le biais de SMS, d’applications sur smartphone ou Internet.

Malheureusement, la disponibilité des données climatiques reste un grand défi pour l’Afrique. Aujourd’hui, le continent détient, en moyenne, huit fois moins de stations météorologiques terrestres que le nombre minimal recommandé par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Un véritable manque de données sur des dizaines de pays pourtant très vulnérables face aux catastrophes naturelles et aux extrêmes météorologiques. Des prévisions météorologiques fiables et accessibles aideraient non seulement à sauver des vies, mais également d’aider les villes et les communautés d’Afrique à renforcer leur résilience face au changement climatique. Il faut pour cela investir davantage dans les infrastructures météorologiques automatiques et améliorer les systèmes de télécommunication entre les pays pour les collectes de données.

L’élévation du niveau des mers et l’irrégularité des régimes climatiques, exercent une pression croissante sur les capacités des des populations côtières en Afrique et augmentent leurs vulnérabilités aux changements climatiques. Avec une croissance urbaine qui avoisinera les 80% au cours des 30 prochaines années, les gouvernements africains doivent également se tourner vers les villes durables. Le renforcement de la résilience des villes africaines exige l’investissement dans les infrastructures et transports à l’épreuve du climat.

Encourager les initiatives des jeunes africains

Malgré la forte croissance démographique du continent, l’âge moyen des agriculteurs africains avoisine 60 ans, alors que la population a en moyenne 19 ans en Afrique subsaharienne. Les jeunes boudent ce secteur qu’ils considèrent démodé et sans opportunités. D’après une étude de la Banque mondiale intitulée « Face au changement climatique, agir plus et mieux pour le système alimentaire de l’Afrique » publiée en 2020, seulement 2% des étudiants africains se spécialisent dans les filières agricoles.

Avec 60% des terres arables mondiales, l’Afrique a besoin de former plus de professionnels dans ce domaine. Les gouvernements africains doivent garantir des formations professionnelles de qualité aux jeunes pour donner un nouveau souffle à l’agriculture. Ils doivent, par ailleurs, faciliter l’accès aux financements, qui constitue une condition nécessaire au développement de l’agriculture commerciale.

Les innovations climatiques en Afrique ne manquent pas. Des entrepreneurs africains lancent de petites révolutions partout sur le continent, qui facilitent déjà le quotidien de leurs communautés. Par exemple, Abdou Maman Kané, entrepreneur nigérian a crée en 2013, un système de « Télé-irrigation », permettant à chaque agriculteur de gérer l’arrosage de son exploitation à distance via son téléphone portable. Un système pour limiter le gaspillage d’eau et optimiser le travail des agriculteurs.

Ce qui manque donc aujourd’hui en Afrique, c’est un environnement favorable au développement de projets durables tant au niveau de la recherche scientifique, de l’innovation, que du financement. Des solutions innovantes de la jeunesse africaine qui jouent un rôle essentiel dans l’adaptation de l’Afrique aux effets du changement climatique.

Exiger une meilleure justice climatique

Lors de la COP21, l’UE et 23 pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, afin d’aider les pays les plus démunis à combattre le réchauffement climatique. Où est-on plus de dix après ?

Avec seulement 80 milliards de dollars US alloués, les pays développés n’ont pas entièrement tenu leurs engagements. Par ailleurs, dans le rapport de 2020 intitulé “Les vrais chiffres des financements climat”, l’ONG Oxfam déclarait que 80% des financements climat alloués aux pays les moins avancés et 3 % aux petits États insulaires en développement étaient fournis sous forme de prêts et instruments autres que des subventions en 2017-2018. Le rapport dénonçait ces procédés qui accentuent la charge financière et la vulnérabilité climatique des pays en développement qui croulent déjà sous les dettes.

La COP 26 qui se tiendra le mois prochain à Glasgow sera l’occasion pour les négociateurs africains de réitérer leurs propos et faire entendre leurs voix.

Au cœur de la plus grosse semaine diplomatique des Nations Unies

La journée d’hier marquait la fin de la semaine de haut niveau de la 76ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies s’est tenue du 21 au 27 septembre 2021, au siège des Nations Unies à New-York. Sous le slogan « Maintien de la paix et de la sécurité internationales: climat et sécurité », retour sur une semaine riche en actualité environnementale.

Le Secrétaire Général de l’ONU, António Guterres, lors du grand débat sur le Climat et la Sécurité le 23 septembre 2021

Une semaine de haut niveau

L’Assemblée générale annuelle de l’ONU, le plus grand rassemblement diplomatique de la planète n’a jamais été annulée depuis 1945. La session de l’année avait pourtant connu une situation exceptionnelle. En effet, pour la première fois dans l’histoire des Nations unies et en raison de la pandémie de la Covid-19, l’Assemblée générale s’était tenue virtuellement, sans déplacement des chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres.

Heureusement, la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’est ouverte le 14 Septembre 2021 a connu une amélioration avec un format hybride composé de réunions en place et en visioconférence. L’occasion aux dirigeants mondiaux invités de s’exprimer sur les sujets brûlants que sont la lutte contre le changement climatique et la pandémie du coronavirus.

Coup de projecteur sur les ODD

Ce serait facile de perdre espoir. Mais nous ne sommes pas désespérés. Ou impuissants. Nous avons un chemin vers la guérison. Si nous choisissons de le prendre.” a déclaré M. António Guterres lors de la cérémonie d’ouverture SDG (Sustainable Development Goals) Moment ou Moment des Objectifs De Développement Durable le 20 septembre 2021, un événement annuel qui se tient en amont des grands rendez-vous sur le climat, l’énergie ou la sécurité alimentaire.

Le SDG Moment, organisé depuis 2020, a réuni cette année plus de 30 chefs d’Etats avec un objectif clair : “mettre un coup de projecteur sur les 17 objectifs de développement durable adoptés en 2015”.

Le chef de l’ONU en a profité pour rappeler une fois de plus l’importance des ODD et de faire le point sur la mise en œuvre. D’autant plus, que la fin du mois de septembre 2021 marquera le 6ème anniversaire de l’Agenda 2030 et les Objectifs de développement durable (ODD).

Feisal Omar | Crédits : REUTERS

Les trois priorités absolues de l’ONU

 

Combattre le réchauffement climatique

Lors de ce débat public de haut niveau du Conseil de sécurité sur le climat et la sécurité, le chef de l’ONU a mis en avant jeudi trois grandes priorités en matière d’action climatique, à commencer par limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius.

“Il faut intensifier les efforts pour éviter les effets dévastateurs du changement climatique” a déclaré le secrétaire général de l’ONU”. Il a appelé les états membres à plus d’ambition et d’actions concrètes en faveur de l’environnement afin d’éviter les impacts les plus catastrophiques du changement climatique et pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici 2030.

Renforcer la résilience

“Nous avons besoin d’une percée en matière d’adaptation et de résilience” a déclaré M. António Guterres. La deuxième priorité de l’ONU est donc de renforcer la résilience et à soutenir l’adaptation” pour faire face aux impacts déjà désastreux du dérèglement climatique sur la vie et les moyens de subsistance des populations du monde entier”.

Il a rappelé, à ce titre, les pays développés à tenir leur promesse de fournir – avant la COP 26 – 100 milliards de dollars de financement climatique par an aux pays vulnérables en développement afin de renforcer leur résilience face à l’aggravation des impacts climatiques. Des promesses non tenues jusqu’à présent.

Paix et environnement

La troisième priorité est d’amener les mesures d’adaptation climatique et de consolidation de la paix à se renforcer mutuellement, a-t-il déclaré, soulignant les initiatives dans la région du lac Tchad où des initiatives pour la consolidation de la paix ont permis le reboisement et amélioré l’accès à des moyens de subsistance durables.

« Nous faisons tous partie de la solution. Œuvrons ensemble pour atténuer les effets du dérèglement climatique et nous y adapter, afin de bâtir des sociétés pacifiques et résilientes », a conclu le Secrétaire général des Nations Unies.

4 questions sur le changement climatique

Le 08 décembre, on célèbre la journée mondiale contre le changement climatique. L’occasion pour nous de revenir sur cette menace devenue une réalité. Comment est-ce que le changement climatique fonctionne ? Quelles sont ses conséquences ? Pourquoi le changement climatique est au centre de tous les débats. On répond à 4 questions sur cette problématique planétaire.

Qu’est-ce que le changement climatique ?

On parle de changement climatique lorsque le climat global de la Terre connaît une modification durable, sur une durée de dix ans au minimum. Mais attention ! Le changement climatique ne se résume pas à une simple augmentation de la température moyenne. Il englobe d’autres paramètres comme les précipitations, les caractéristiques des vents ou l’humidité du sol qui changent également.

Selon, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), la température moyenne du globe a augmenté de 1ºC par rapport à la fin du XIXe siècle. En effet, depuis le début de l’industrialisation, les activités humaines rejettent des gaz à effet de serre augmentant leur concentration dans l’atmosphère. Ces gaz modifient alors l’équilibre thermique de la Terre avec des impacts considérables sur les sociétés et l’environnement.

Sécheresses, montée des eaux, canicule, tempêtes et inondations : le monde est confronté à une multiplication des évènements climatiques extrêmes. Quelles sont donc les effets de ce dérèglement climatique?

 

Quelles sont les conséquences ?

 

Les effets du changement climatique sont d’ores et déjà perceptibles. Ils se traduisent par une hausse des températures moyennes et des niveaux des océans provoquée par la fonte des glaces. On observe aussi la multiplication d’événements climatiques extrêmes tels que les cyclones, les sécheresses, les pluies diluviennes, etc.

Ces variations climatiques finissent par mettre les sociétés en danger. L’exemple le plus flagrant est celui de l’agriculture affectée par un dérèglement climatique qui se traduit par des sécheresses successives et intenses. La sécurité alimentaire de centaines de millions de personnes qui dépendent de l’agriculture pour vivre, se retrouve alors menacée.

Les variations du climat touchent également la biodiversité. Les animaux et les plantes voient leurs cycles de vie perturbés et leurs espaces de vie dégradés. Des mesures rapides sont indispensables pour protéger la survie des hommes et des écosystèmes.

 

Tous les pays sont-ils concernés par le changement climatique ?

 

Les pays les plus peuplés et les plus industrialisés sont les plus gros émetteurs de dioxyde de carbone dans le monde. C’est donc sans surprise que l’on retrouve la Chine, les Etats-Unis et l’Inde en tête du classement des pays les plus pollueurs au CO2. En Europe, l’Allemagne émet le plus de CO2 à cause de sa forte dépendance au charbon.

En 2019, les émissions mondiales de CO2 ont atteint les 42,3 milliards de tonnes. Ils ne cessent de s’accumuler dans l’atmosphère et ont déjà provoqué un réchauffement climatique d’environ 1°C.

Les pays pauvres, quant à eux, contribuent peu à l’effet de serre mais sont les premières victimes du changement climatique. Comme la majorité des pays africains, Djibouti est extrêmement vulnérable aux variations climatiques. Les pluies diluviennes qui ont causé une dizaine de morts en 2019 et plus récemment le cyclone Gaati démontrent le dérèglement climatique auquel le pays fait face.

Les pays riches, émetteurs de CO2 s’en sortent donc bien contrairement aux pays pauvres qui traversent des crises alimentaires et sanitaires. Pour en savoir plus à ce sujet, je vous invite à lire cet article “Émissions de CO2 : Les riches polluent, les pauvres en paient le prix fort”.

Pourquoi le changement climatique est-il un sujet si controversé ?

 

Objet de toutes les attentions, le changement climatique suscite des débats du côté des scientifiques mais aussi dans le monde politique. Certains scientifiques réfutent l’implication de l’homme, on les appelle les climato-sceptiques. Selon eux, les modèles de simulation du climat, en particulier ceux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat sont trop incertains pour être absolus.

 

Image de la ville de Djibouti inondée en 2019 – Source de la Nation

Parce que le climat est un système déjà assez complexe. Et parce que l’étude scientifique s’appuie sur des observations et des hypothèses, de nombreuses incertitudes demeurent quant à l’ampleur et aux impacts des changements climatiques. Ce qui engendre les critiques et alimentent encore un peu plus les débats.

Sur la scène politique aussi, on dénombre de nombreux climato-sceptiques qui soupçonnent leurs opposants de cacher des motivations politiques sous des arguments scientifiques. Le plus connu sans doute est l’ancien président des Etats-Unis, Donald Trump, qui a déclaré que le réchauffement climatique était un mythe à maintes reprises.

Néanmoins, malgré toutes les controverses, une grande majorité des scientifiques confirment la responsabilité de l’homme dans le changement climatique et appellent tous les pays à agir de toute urgence.

Sommet sur l’adaptation au climat : un appel à l’action

Élévation du niveau de la mer, conditions météorologiques extrêmes ou pénuries alimentaires, comment répondre aux effets du changement climatique sur les populations ? C’était la question posée lors du Sommet sur l’adaptation au climat qui a eu lieu la semaine dernière aux Pays-Bas.

Vers un renforcement de l’adaptation

 

Le premier sommet international sur l’adaptation au climat s’est tenu le 25-26 Janvier 2021, aux Pays-Bas. Organisé virtuellement en raison de la pandémie du Covid 19, ce sommet a réuni plusieurs dirigeants et leaders à travers le monde. Il y avait entre autres le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, le président du Gabon Ali Bongo Ondimba, la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron ou le secrétaire général des Nations-Unies, António Guterres.

Cette année 2021 aura plusieurs tournants au cours desquels les dirigeants et les peuples du monde montreront vraiment leur solide engagement. “Nous n’avons pas fait grand-chose en matière d’adaptation jusqu’à présent” a déclaré l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, la semaine dernière aux journalistes.

Et c’est bien pour renforcer les mesures d’adaptation nécessaires pour rendre la planète plus résiliente aux conséquences du changement climatique que ce sommet a eu lieu.  Contrairement aux mesures d’atténuation des effets du changements climatiques qui visent à réduire les gaz à effet de serre, les programmes d’adaptation veulent limiter les impacts du changement climatique déjà présents. Surtout dans les pays du Sud qui font face à des défis majeurs liés au climat.

 

 

Des impacts déjà visibles

 

A l’occasion de ce Sommet, l’ONG Germanwatch a publié le 25 Janvier 2021 son indice mondial des risques climatiques, comme chaque année. Sans surprise, selon les pays à faible revenu qui paient le plus gros tribu face au changement climatique.  Le rapport a recensé 11000 phénomènes météorologiques qui ont coûté la vie à environ 500 000 personnes entre 2000 et 2019 pour un coût de 2,560 milliards de dollars.

Puerto Rico, le Myanmar, Haïti, le Zimbabwe ou encore les Philippines ont été les pays les plus touchés. Toujours selon ce rapport, les pays pauvres sont les premiers victimes par manque de moyens et d’infrastructures, alors même qu’ils ne sont pas responsables de ce dérèglement climatique.

Raison pour laquelle le chef de l’ONU, António Guterres a lancé un appel pour augmenter les financements pour l’adaptation et la résilience des pays vulnérables. “L’adaptation ne peut être la moitié négligée de l’équation climatique”, a-t-il ajouté.

 

Des appels à l’action en faveur du climat

 

Lors de son discours, António Guterres a demandé que 50% des financements climatiques fournis par les pays donateurs et les banques multilatérales de développement soient dédiés à l’adaptation et à la résilience des pays en développement.

Il a tenu à rappeler aux pays développés leurs engagements dans le cadre de l’Accord de Paris en 2015. Ces derniers avaient promis un investissement de 100 milliards de dollars par an pour aider les pays les plus pauvres mais les objectifs sont encore loin d’être atteints.

M.Guterres a également appelé les pays riches à faciliter l’accès aux financements pour les pays pauvres et à étendre les initiatives pour alléger leurs dettes avec par exemple, des échanges dette contre adaptation. Pour finir, il a demandé à soutenir les initiatives régionales d’adaptation et de résilience.

Par ailleurs, la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé lors de ce sommet, le lancement du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (PAAA). Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, a déclaré que la BAD s’engageait à verser 25 milliards de dollars pour le financement climatique avec au moins la moitié (soit 12,5 milliards de dollars) dédiée à l’adaptation et la résilience au changement climatique des pays d’Afrique.

Des appels à l’action, beaucoup d’engagements, reste maintenant ce nouvel élan jusqu’à la COP 26, la prochaine conférence des Nations Unies sur le climat prévue en Novembre à Glasgow, au Royaume-Uni.

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