Tout sur la COP27 : dates, programmes, participants

La COP 27 c’est demain. Une conférence attendue au tournant pour répondre à l’urgence climatique. Mais qu’est-ce qu’une COP et à quoi sert-elle ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur le rendez-vous climat de l’année.

Qu’est-ce que la COP 27 ?

 

Le terme « COP » ou « Conférence des Parties » sont des réunions annuelles où les gouvernements mondiaux tentent de mettre en place un processus commun de lutte contre le dérèglement climatique. Ces conférences sont organisées dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Ce sont elles qui ont mené à la signature du Protocole de Kyoto en 1997, qui a lancé les premiers engagements de réduction des émissions de CO2, puis de l’Accord de Paris, en 2015 à la COP21 organisée à Paris.

Les conférences ont lieu dans des villes différentes chaque année, selon un système de rotation des continents. La 27e conférence des parties (COP 27) à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se tiendra du 6 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh, en Égypte.

Quel est le programme ?

Sous le slogan «Together for Implementation» (Ensemble pour la mise en œuvre), la COP27 veut renforcer la mise en œuvre des promesses et des engagements concernant la réalisation des objectifs de l’accord de Paris.

L’Égypte qui sera dans cette COP 27, le porte-drapeau de l’Afrique, aspire à faire progresser les négociations mondiales sur les changements climatiques. S’appuyant sur les résultats de la COP26, les organisateurs souhaitent agir sur un éventail de questions essentielles pour faire face à l’urgence climatique dont : – de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre à l’adaptation aux conséquences inévitables des changements climatiques, en passant par le respect des engagements à financer l’action climatique dans les pays en développement et la collaboration internationale dans la lutte contre le changement climatique. Les thèmes de cette année sont l’adaptation; l’atténuation, le financement et la collaboration.

Ce sommet très attendu, abordera un large éventail de thématiques sur plusieurs jours distincts, tels qu’une journée pour le financement, une journée pour l’adaptation, une journée pour l’eau et une autre journée pour la décarbonisation. Outre les réunions officielles, il y’aura également beaucoup d’événements parallèles, de discussions de groupe, de tables rondes et d’autres formats interactifs pour interagir avec un public plus large.

Calendrier de la COP27

Qui participe à la COP 27 ?

Du monde, beaucoup de monde. Les COP réunissent environ 30 000 participants chaque année. Les principaux acteurs sont les délégations nationales : les équipes de négociateurs envoyées par chaque pays. Ce sont elles qui vont défendre l’intérêt de leurs pays et tenter de peser sur les discussions. Des scientifiques, des ONG, des entreprises, des collectivités territoriales, des populations autochtones et des médias du monde entier feront également le déplacement.

Par ailleurs, cette COP27 sera marquée par l’absence de Greta Thunberg, la figure de la jeunesse engagée dans la lutte contre le changement climatique. La militante écologiste suédoise a indiqué auprès de la BBC qu’elle ne se rendrait pas à Charm el-Cheikh, estimant que ces conférences sur le climat «ne fonctionnaient pas vraiment ». Un constat amer partagé par de plus en plus de militants pour le climat, qui boycottent ce grand rassemblement planétaire.

Comment la COP est-elle financée ?

Quand on parle de l’organisation d’une COP, la facture peut rapidement s’élever à des dizaines de millions d’euros. Et pour cause, le pays hôte doit notamment gérer l’aménagement du lieu de la conférence, ses équipements, la sécurité, la communication, les dépenses de la délégation de l’ONU et des délégués des pays les plus pauvres. Outre la contribution du pays hôte, une part importante de financements de la COP provient d’investissements privés.

C’est précisément la participation de ces sponsors privés qui fait débat à la COP 27. En effet, parmi les partenaires choisis par l’Égypte cette année, on retrouve Coca-Cola, considérée comme le plus gros pollueur de plastiques au monde. Selon Greenpeace, le géant américain produirait 120 milliards de bouteilles en plastiques jetables par an avec 99% des plastiques fabriqués à partir de combustibles fossiles. Dans la liste des sponsors de la COP 27, on retrouve également d’autres entreprises privées non climato-compatibles comme la compagnie aérienne Egyptair ou encore les groupes Vodafone et Microsoft.

 

Les COP sont-elles vraiment utiles ?

Les COP permettent aux pays de négocier et d’aboutir à des traités pour gérer le climat ensemble. Alors évidemment, en théorie, tout à l’air simple. Sauf que dans la pratique, c’est nettement plus compliqué.

Le problème est que tous les pays ne sont pas forcément d’accord, ce qui est assez logique. Deuxièmement, ces traités ont toujours été jusqu’à aujourd’hui des traités « non-obligatoires ». Cela veut dire que même si un gouvernement signe un traité international comme l’Accord de Paris, rien ne l’oblige à respecter ses engagements. Pire encore, un pays signataire peut se retirer de ces accords comme ce fut le cas avec les Etats-Unis. En effet, l’ancien président Donald Trump avait retiré de l’Accord de Paris sur le Climat en 2017 son pays, considéré comme le deuxième plus gros pollueur du monde après la Chine. Une décision qui avait suscité la consternation générale avant que le président Biden réintègre les Etats-Unis dans l’accord en 2021.

Cet épisode traduit le paradoxe incroyable avec les COP : on continue à faire des conférences et à produire de nouveaux traités chaque année alors que rien ne garantit que ces derniers soient respectés. On constate surtout que chaque année, les objectifs fixés précédemment de ces traités ne sont, jamais atteints. Dans un rapport publié en octobre dernier, les Nations Unies estiment que les engagements pris lors de la COP26 à Glasgow l’année dernière « n’ont permis qu’une différence négligeable par rapport aux prédictions d’émissions pour 2030 ». Cela fait donc beaucoup de réunions pour peu d’actions concrètes.

Reste à voir si la prochaine COP qui débute demain sera à la hauteur de l’urgence climatique.

COP 27 : Mettre fin à l’injustice climatique en Afrique

Le changement climatique coûte à l’Afrique 7 à 15 milliards de dollars par an, d’après l’ONU. La COP 27 qui se tiendra du 7 au 18 novembre 2022, à Charm el-Cheikh doit donc être l’occasion aux leaders mondiaux de tenir leur promesse de financement et de joindre enfin, le geste à la parole.

Champ en Afrique du Sud – REUTERS/Siphiwe Sibeko

Une profonde injustice climatique

 

L’Afrique est, de loin, le continent qui émet le moins de CO2 mais il est pourtant menacé comme les autres continents par les effets du changement climatique. Et il n’est absolument pas armé pour s’adapter à ces nouvelles conditions.

Sécheresses, réduction de la fertilité des sols, érosion côtière, inondations meurtrières et autres phénomènes climatiques extrêmes frappent durement les pays du continent. Et la situation risque d’empirer. En effet, les aléas liés au climat devraient s’intensifier à l’avenir, accentuant les vulnérabilités de ce continent telles que l’insécurité alimentaire, la pauvreté et les conflits.

Par ailleurs, ces impacts sont exacerbés par la capacité d’adaptation au changement climatique limitée du continent. Et pour cause, l’intégration de la contrainte climatique dans les politiques de développement à un coût considérable. Des dépenses qui pèsent sur les économies fragiles de ces pays pauvres. Plusieurs pays africains attribuent déjà des ressources importantes destinées au développement pour faire face aux conséquences des évènements climatiques. Dans un rapport publié en février 2022 par le centre de réflexion Power Shift Africa, basé à Nairobi, les États africains consacrent jusqu’à 5% de leur PIB pour lutter contre les effets du changement climatique. En Éthiopie par exemple, c’est 5,6% du PIB du pays qui est alloué la lutte contre le changement climatique. Si rien n’est fait, le changement climatique menace d’annuler les gains de développement durement gagnés de l’Afrique.

Des sommes conséquentes quant on considère la situation économique du continent qui reste toujours précaire. Ce sont ainsi les pays les moins responsables qui sont confrontés à des risques plus importants et disposent de moins de moyens pour s’adapter. Une situation qui traduit l’injustice climatique profonde à laquelle est confrontée l’Afrique.

“Ce rapport montre la profonde injustice de l’urgence climatique”,

a déclaré Mohamed Adow, directeur de Power Shift Africa.

La question de l’aide des pays riches devrait être, une fois de plus, le sujet brûlant des négociations cruciales sur le climat prévues en Égypte en novembre (COP 27). Un sujet très controversé et source de colère des pays africains ces dernières années. En effet, les pays industrialisés, responsables du changement climatique, sont encore peu à l’écoute des pays pauvres qui paient pourtant le prix de leur développement économique. En 2009 à Copenhague, ils s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir les efforts des pays en développement contre les dérèglements climatiques. Onze ans plus tard, le compte n’y est toujours pas.

 

Tenir les promesses de financement

 

Un rapport publié en 2015 par le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) estimait le coût de l’adaptation au changement climatique en Afrique à 50 milliards de dollars par an d’ici 2050. Des chiffres revus à la hausse depuis.

Une nouvelle étude publié le 21 septembre 2022, fustige les pays riches et dénonce les montants insuffisants des financements climatiques alloués à l’Afrique. Dans ce document qui cartographie les flux de financement du climat en Afrique, l’Organisation internationale de politique climatique, Climate Policy Initiative (CPI) estime que gouvernements africains ont besoin d’un montant de 277 milliards USD par an pour mettre en œuvre leurs objectifs de développement durable. Or en 2020, ce financement ne s’élevait qu’à 29,5 milliards de dollars, soit un déficit de 247,5 milliards de dollars par an et seulement 12 % des besoins.

La qualité des financements pose également problème, car la plupart d’entre eux sont fournis pour l’instant via des prêts plutôt que des subventions. Dans un nouveau rapport intitulé “Les financements climat en Afrique de l’Ouest”, l’organisation non gouvernementale (ONG) Oxfam critique l’aide des pays industrialisés qui tend à alourdir l’endettement des pays pauvres. L’étude, publié le 27 septembre 2022, intervient dans la série des rapports destinés à faire pression sur les pays riches pour qu’ils en fassent plus à l’approche des négociations mondiales sur le climat en Novembre 2022.

Selon cette étude, les deux tiers (62%) du financement fournis à l’Afrique de l’Ouest de 2013 à 2019 pour la lutte climatique étaient principalement des prêts qui devront être remboursés, la plupart avec des intérêts. Des procédés qui accentuent la charge financière et la vulnérabilité climatique des pays en développement qui croulent déjà sous les dettes. Le Niger a par exemple reçu jusqu’à 51% de financement climatique sous forme de prêts et de dettes. Il est pourtant en haut de la liste des pays les plus vulnérables face aux effets du changement climatique (voir liste ici).

Si les attentes des États africains n’ont eu que peu d’écho jusqu’à présent, il est absolument vital qu’elles soient entendues en 2022. Au delà des divergences politiques, ce sont les vies et les moyens de subsistance de millions de personnes qui sont en jeu et risquent de se dégrader à cause des changements climatiques. Accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, doubler les financements consacrés à l’adaptation au changement climatique et surtout compenser les dommages subis sont autant sont autant de sujets pour lesquels les pays africains attendent des actions concrètes de la part des pays riches.

Les dirigeants africains espèrent par ailleurs recueillir, à travers le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (PAAA), une capitalisation de 250 millions de dollars pour attirer des milliards de dollars d’investissements. Ce fonds lancé en avril 2021 par la Banque africaine de développement et du Centre mondial sur l’adaptation (GCA), a pour but de renforcer les projets d’adaptation et de résilience en Afrique par un accès direct aux financements. Un programme ambitieux qui ne semble pas particulièrement intéresser beaucoup de pays du Nord.

Rendez-vous est donc pris en novembre 2022 pour voir si ce nouvelle COP sera celle qui sortira finalement l’Afrique de l’injustice climatique.

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