Hydroponie : La start-up Eco Farm au défi du changement climatique

Il est possible de faire pousser des plantes sans terre. Celle-ci est alors remplacée par un substrat neutre (billes d’argile, sable, feutre horticole…), voire même par de l’eau. C’est ce qu’on appelle l’hydroponie ou hydroculture.

 

Mohamed Houmed Mohamed lors de la 1ère édition du concours D-startup

Alors que le changement climatique, la raréfaction des ressources en eau et la dégradation des sols sont au cœur de tous les débats, l’agriculture hydroponique pourrait en partie être la solution à ces problèmes.

 

Si cette technique a autant le vent en poupe, c’est aussi parce qu’elle possède un formidable atout écologique : la préservation de la ressource en eau. Selon les études, cette nouvelle technique agricole permet d’économiser jusqu’à 95 % d’eau. L’hydroponie offre également des rendements nettement supérieurs à l’agriculture traditionnelle en pleine terre et cela sans usage de pesticides.

 

C’est dans ce contexte, que deux jeunes entrepreneurs Mohamed Houmed Mohamed et Dimis Daoud Ahmed ont créé la start-up “ECOFARM” à Djibouti. Des bancs du lycée jusqu’à maintenant, ils ont travaillé ensemble pour repérer et apporter des solutions innovantes aux défis environnementaux à Djibouti.

 

Leur jeune entreprise ambitionne aujourd’hui de développer la production hors-sol et diversifier l’offre dans le pays en termes de fruits et de légumes. En effet, Djibouti souffre d’un déficit en terres cultivables et en eau qui aggrave les problèmes d’insécurité alimentaire et de production agricole. Le projet d’agriculture hydroponique d’ECOFARM permettrait d’améliorer la productivité agricole des populations rurales et réduire ainsi leur vulnérabilité face au changement climatique.

 

L’hydroponie, comment ça marche ?

 

L’hydroponie, c’est la culture de végétaux sans sol, et dans l’eau. Les plantes grandissent dans des bacs d’eau mélangée à une solution qui apporte des sels minéraux et des nutriments essentiels à la plante. Les supports de culture pour les plantes remplaçant la terre peuvent être constitués de billes d’argile, de mousse synthétique ou laine de roche. L’hydroponie permet de cultiver des plantes, des légumes et végétaux. C’est une agriculture innovante adaptée aux évolutions climatiques et respectueuse de l’environnement d’autant qu’elle offre la meilleure solution pour optimiser la consommation d’eau, des pesticides et des engrais.

Nos deux jeunes entrepreneurs djiboutiens se sont lancés dans ce projet innovant et inspirant. Ils sont aujourd’hui en passe de le réaliser grâce à un concours national qui leur donnerait un coup de boost. Le programme appelé D Start-Up et organisé par le Fonds Souverain de Djibouti, récompense les projets innovateurs de jeunes entrepreneurs et entrepreneuses djiboutiens.

On leur souhaite bonne chance !

Djibouti : Retour sur une des initiatives citoyennes les plus remarquées

Il est 7 heures du matin, le thermomètre grimpe tranquillement. Dans le quartier centre de la ville, un petit groupe s’est constitué. Non, ils ne sont pas venus profiter du soleil : ils s’apprêtent plutôt à rénover la façade d’un mur de la ville, situé devant le supermarché du groupe Al Gamil, au carrefour entre le marché et l’Institut français de Djibouti.

 

C’était le 18 février dernier. A l’origine de l’action, Kader Kassim, qui lance un appel via les réseaux sociaux, espérant convaincre jeunes et moins jeunes de venir lui prêter main-forte pour une matinée de nettoyage dans la ville. Sur Twitter, ce jeune djiboutien, journaliste à la Radiodiffusion télévision de Djibouti (RTD), est suivi par quelque 7 300 utilisateur·rices. Avec ce qu’il faut d’humour, de satire politique et d’autodérision, il y prend régulièrement la parole en texte pour apporter son regard sur la société actuelle.

“Je passe devant ce mur tous les jours, quand je me rends à mon travail. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu lui donner une meilleure apparence en le nettoyant.” nous confie Kader.

Et l’initiative a trouvé son public. Sur place, une centaine de participants présents et plus que jamais motivés à nettoyer la nature. Très soucieux de leur environnement, pleins de bonne volonté, gantés et armés de sacs-poubelles, ils s’attaquent aux mégots, papiers et autres bouteilles qui jonchent le sol aux alentours. Ils passent ensuite un coup de peinture sur le pan de mur. De quoi lui redonner de l’éclat après les intempéries et la pollution. Malgré la chaleur, bonne humeur, solidarité et motivation étaient de la partie !

Cette initiative a réunit des gens de tout âge, tout horizon, étudiants, humoristes, politiciens, citoyens de tous bords, dans le but d’effectuer un nettoyage citoyen. Chahad, 18 ans, étudiante en génie mécanique à l’université, faisait partie de ces jeunes bénévoles venus prêter main forte afin de procéder au nettoyage. Voici sa réponse quand nous lui avons demandé pourquoi elle avait rejoint l’initiative de Kader : «Je crois qu’en participant à des journées citoyennes un peu partout dans la ville, le décor de celle-ci pourrait embellir un jour.»

Des initiatives de plus en plus nombreuses

Depuis quelques années, les opérations citoyennes de nettoyage se multiplient à travers le monde. La preuve : le « World Cleanup Day » – la journée mondiale du nettoyage de notre planète qui prend chaque année de plus en plus d’ampleur.

A Djibouti aussi, les initiatives de ce genre gagnent également du terrain. Et pour cause ? Au bord des routes, dans la nature, sur les trottoirs ou parfois même à quelques centimètres seulement d’une poubelle, partout les détritus de notre société pullulent. Face à ce fléau environnemental, les citoyens s’organisent et n’hésitent plus désormais à mettre les mains dans le cambouis pour décrasser un environnement trop souvent pollué. Signe peut-être que la prise de conscience est en marche.

Rappelons qu’au-delà du désagrément esthétique, les déchets affectent directement de nombreux écosystèmes et de nombreuses espèces. Ces déchets peuvent être également la source davantage de pollutions de l’air, des sols et des océans, représentant alors un réel danger pour la santé des populations.

Les nettoyages des espaces naturels sont alors une belle manière de nettoyer la nature pour la soulager des déchets abandonnés. Mais surtout de rassembler les différents acteurs de la société autour d’une cause commune : celui de la préservation de l’environnement.

Djibouti : Ces héroïnes que nous voyons au quotidien et dont on ne parle jamais

Pour célébrer le 8 mars, la journée des droits des Femmes, Ecolo à Djibouti met à l’honneur les femmes de l’ombre, celles que l’on croise au quotidien et dont on ne parle jamais. 

Il est 21h du soir. Depuis la route de Venise, plusieurs silhouettes se distinguent. Une dizaine de femmes sont en pleine activité sur le côté de la route, depuis déjà quelques heures. Elles sont employées à l‘Office de la voirie de Djibouti (OVD). Mais contrairement à leurs collègues masculins, elles ne conduisent pas une benne, elles n’y déversent pas non plus les poubelles mais leur métier appartient au même monde du nettoyage : elles sont balayeuses de rue.

Elles font partie de la nouvelle cohorte d’agents de nettoiement venue renforcer les rangs du personnel technique depuis 2009 à Djibouti. Balais brosse en mains, munies de leur combinaison orange fluo, de gants et d’un masque, les balayeuses de rue arpentent une bonne quinzaine de kilomètres par jour. Sur le terrain, elles interviennent en équipe et toujours sous la responsabilité d’un encadrant chef d’équipe. 6 jours sur 7, elles sillonnent les rues, selon un itinéraire précis, pour débarrasser les souillures des habitants, des commerçants et des restaurateurs Djiboutiens.  

Et l’histoire derrière la création de cette brigade féminine de la propreté est encore plus hallucinante. Nous sommes en novembre 2006 et Djibouti-ville s’apprête à abriter durant deux semaines le 11ème Sommet des chefs d’États et de gouvernement du COMESA. Près de 300 agents techniques – femmes sont alors embauchées très rapidement par les services de la voirie. Elles donnent un grand coup de balai sur les grands axes de la ville et se chargent de maintenir les rues de l’agglomération propres pendant toute la durée de l’événement.

Et leur travail plait. Beaucoup. La ville respire après leurs passages quotidiens. Les allées et les trottoirs, habituellement jonchés de sacs plastiques, cartons, papiers, sont désormais propres. Ce qui ne devait durer que quelques jours, se transforma alors en un vrai emploi. En effet, les 300 femmes intègrent officiellement les services de la voirie de Djibouti en 2009, grâce notamment à un coup de pouce du gouvernement.

 

Une nettoyeuse de rue en plein travail

Un métier difficile

Lorsque les rues ne sont pas balayées, les débris et les ordures peuvent s’accumuler à une vitesse alarmante, soulignant la nécessité d’un balayage régulier des rues. Mais si les métiers de la propreté constituent un maillon essentiel dans la bonne gestion de nos villes, leur pénibilité est souvent sous-estimée. 

En effet, pour être balayeuse de rue à Djibouti il faut être solide, c’est physique, très physique.  Au quotidien, les horaires souvent décalés sont éprouvants. Les balayeuses de rue commencent tôt le matin ou finissent tard le soir. Elles arpentent les rues pendant plusieurs heures, tout en maniant le balai principalement à la seule force des parties supérieures du corps. Terriblement efficaces, les sacs poubelles remplis entreposés sur le côté de la route en attente du camion-benne sont seuls témoins de leur passage. Le rythme des tournées, les gestes répétitifs, la circulation routière et le travail de nuit rendent physique et pénible le travail surtout à la fin de la tournée lorsque des dizaines de kilomètres ont été parcourus à pied. 

Difficile par nature, le métier de balayeuse de rue l’est encore plus pendant l’été. Les visages dissimulés sous leur voile pour se protéger du soleil et des nuages de poussière, elles continuent leur travail sous les températures caniculaires.

Mais cela n’empêche pas ces femmes-courages d’effectuer la même tâche fastidieuse tous les jours. Malgré les préjugés, elles ont réussi à se frayer un chemin dans le secteur quasi exclusivement masculin de la propreté urbaine alors même qu’elles sont largement majoritaires dans le secteur du nettoyage domestique à Djibouti.

Invisibles pour beaucoup

Rares sont celles qui ont choisi ce métier par vocation. Ces travailleuses des déchets sont avant tout des personnes issues des milieux populaires. Leur recrutement s’est d’ailleurs fait dans le cadre d’un dispositif d’insertion sociale du gouvernement. L’initiative appuyée par des structures associatives féminines Djiboutiennes, visait à accompagner les femmes en situation de précarité vers l’emploi. 

Main-d’œuvre non qualifiée, le salaire d’une balayeuse de rue a tendance à être bas face à l’étendue de leurs labeurs exténuantes. Et si elles ont beau être endurcies à l’odeur que dégagent les ordures et aux exigences physiques que requiert leur emploi, elles n’en rêvent pas moins d’avoir un poste valorisé socialement. Car si nous côtoyons tous régulièrement ces femmes, nous sommes loin de mesurer l’importance de leur action pour vivre dans une ville propre. 

Les balayeuses, elles aussi savent aussi que leur métier est déconsidéré par la plupart des Djiboutiens. Les gens ne les regardent pas, ne leur disent pas bonjour. Comme une impression qu’elles font partie du mobilier urbain. Une indifférence généralisée qui vire parfois à l’incivilité avec des passants qui jettent leurs mégots et leurs emballages aux pieds de ces femmes, alors même qu’elles sont en plein travail. Des incivilités qui ont de quoi révolter ! 

Il est donc impératif que les mentalités changent et que les Djiboutiens fassent preuve davantage de civisme. Car si on dit que Djibouti est sale, elle ne se salit pas toute seule !  La loi doit également devenir plus stricte contre les auteurs d’incivilités. Ce serait le meilleur hommage à toutes ces femmes qui maintiennent notre ville propre pour qu’on y vive mieux tous ensemble.

La baie de Tadjourah, le sanctuaire des requins-baleines

Le requin-baleine possède jusqu’à 300 rangées de dents. Mais nul besoin de s’inquiéter ! Malgré sa taille imposante, il est pacifique et inoffensif pour l’Homme.

 

Un géant inoffensif

 

Chaque année, la baie de Ghoubet à Djibouti, est le théâtre d’un spectacle hors du commun. Abandonnant leur zone d’alimentation habituelle, les requins-baleines migrent pour les eaux chaudes de Djibouti qu’ils affectionnent particulièrement. De novembre à janvier, on observe ainsi, ces géants des mers qui viennent se nourrir du plancton qu’ils trouvent en forte concentration à l’extrémité ouest du golfe de Tadjourah.

Malgré leur nom déconcertant, ce ne sont PAS des baleines. Le requin-baleine (Rhincodon typus), qui est juste le plus gros requin qui existe ! Il est surnommé ainsi en raison de sa taille imposante et de ces comportements alimentaires proches de ceux la baleine. Plus gros poisson vivant sur Terre, les grands adultes mesurent généralement entre 10 et 12 mètres de long, mais ont été enregistrés à une longueur maximale d’environ 18 mètres pour un poids de 30 tonnes. . Ce sont plutôt des individus juvéniles que l’on retrouve dans le golfe de Tadjourah à Djibouti, dont la taille varie de 3 à 8 mètres.

Le requin-baleine ne partage pas que son nom avec les baleines et suit également le même régime alimentaire. La gueule grande ouverte, il aspire d’énormes quantités d’eau qu’il rejette par les branchies, tout en retenant plancton, d’algues, petits crustacés et autres petits poissons à la manière de la baleine bleue. Il peut avaler comme ça jusqu’à 1 tonne de plancton par jour.

 

Une espèce encore méconnue et …menacée

 

Si on connait bien son alimentation, les comportements reproductifs du requin-baleine est encore mal connue. On sait que c’est une espèce ovovivipare car il produit des œufs qui se développent au sein de son utérus avant de s’y extraire. Mais malgré les recherches menées sur ce gros poisson, aucun site de reproduction n’a pu être identifié de façon concluante. On estime par ailleurs, que leur durée de vie pourrait atteindre 100 ans.

Dans le golfe de Tadjourah, une association française “MEGAPTERA” étudie l’espèce depuis 2004 et tente de récupérer des données sur leur comportement à l’aide de balises taggués sur les requins-baleines.

Le saviez-vous ?
La répartition des points blancs que l’on peut apercevoir sur la globalité de son dos joue le rôle de carte d’identité pour chaque requin, chacun ayant un dessin unique. C’est en quelque sorte l’équivalent de l’empreinte digitale d’un humain.

Une population en déclin

 

Si le requin-baleine ne connaît quasiment aucun prédateur naturel dans son milieu, il fait aujourd’hui face à des menaces telles que la surpêche, la pollution marine, la réduction de son habitat ou encore le tourisme non responsable. A Djibouti, l’espèce est peu connue et ne représente aucun intérêt pour les pécheurs contrairement à certains pays comme la Chine où le commerce de la chair et des ailerons du requin-baleine est pratique courante.

Comme la plupart des espèces marines, le requin baleine est directement menacé par la pollution des mers et des océans. En ouvrant grand la bouche pour filtrer l’eau de mer et se nourrir, le requin baleine a tendance à ingérer une large quantité de déchets, plastiques notamment. Une autre preuve des dangers issus de la mal gestion des déchets.

A Djibouti, il n y’a pas encore de tourisme de masse mais des efforts sont faits pour la protection du requin-baleine. Une Aire Marine Protégée a été mise en place à Arta par l’Office National de Tourisme en collaboration avec le ministère de l’Environnement de Djibouti, afin de les préserver au mieux contre les flux de touristes étrangers et les hélices des bateaux de pêcheurs qui leurs sont souvent fatales.

Par ailleurs, il est capital de former les élèves à Djibouti aux enjeux de la biodiversité et à leurs interdépendances, des sujets qui sont rarement abordés sur les bancs de l’école. L’idée étant qu’ils en apprennent plus par exemple sur les requins-baleines, les dangers qui pèsent sur eux et comment ils pourront contribuer à les protéger. Une meilleure connaissance de la biodiversité marine de leur pays permettra une appropriation plus importante et, à long terme, une meilleure préservation de ce écosystème déjà fragilisé.

En danger d’extinction, le requin baleine est sous le statut d’espèce protégée. Il est ainsi illégal de déranger, toucher, nourrir, blesser ou de le pêcher.

Nager avec les requins-baleines à Djibouti est peut-être une expérience unique, il vous faudra néanmoins prendre toutes les précautions afin de ne pas les blesser ou les déranger. Pour en savoir, découvrez le guide de l’Office de Tourisme Djibouti, sur l’essentiel à savoir après une rencontre avec un requin-baleine.

Vous pouvez télécharger le Guide ici : Ecotourisme responsable : le requin baleine

Djibouti : les dangers liés aux déchets urbains

Dans une société où tout se jette, les déchets urbains sont un enjeu qui touche à la santé des individus, à leur bien-être mais aussi à l’environnement. Quels dangers potentiels représentent-ils ? Sur l’environnement, sur notre santé ?

Tous les jours, on génère de grandes quantités de déchets : nourritures, sacs en plastique, papiers, vieux téléviseurs, vieilles voitures, batteries, déchets sanitaires, déchets industriels…la liste est très longue. La gestion des ordures ménagères est ainsi devenu un problème universel qui concerne toutes les grandes villes de la planète.

La gestion des déchets ménagers pose également un sérieux problème à Djibouti. Dans certains endroits, les ordures ménagères sont jetées à même le sol et s’amoncèlent aux coins de rue, ce qui ne facilite pas les opérations de chargement et contribue pour une part à l’insalubrité généralisée des quartiers. Une pollution qui au-delà de la capitale, a fait son chemin même dans les zones les plus reculées du pays.

 

Pourquoi une telle situation à Djibouti ?

 

Plusieurs causes sont en cause, notamment un taux de couverture d’assainissement insuffisant. En effet, le système de collecte est actuellement assuré par le service de propreté de la ville de Djibouti qui effectue les opérations de collecte des ordures ménagères dans les différents quartiers de la ville. Ces déchets sont ensuite acheminés au centre d’enfouissement technique (CET) situé dans la banlieue de Douda. Le problème est que la fréquence et le taux de collecte restent insuffisants dans beaucoup de quartiers, obligeant certains citoyens à jeter les déchets dans les voies publiques ou dans les caniveaux.

La croissance élevée de la population (à +2,8% en 2017) qui se traduit par l’accroissement de la taille des villes, explique également aussi la problématique des déchets ménagers urbains. Cet accroissement urbain mais aussi l’afflux de réfugiés, suite aux grands bouleversements régionaux, entraînent une occupation anarchique de sites non lotis et l’apparition des nouveaux quartiers sans infrastructures adéquates.

Un dernier point important concerne le manque de sensibilisation des populations quant à la gestion des ordures urbaines. En effet, une grande majorité des djiboutiens n’a pas été éduquée à la gestion des déchets et participe activement à la pollution de la ville. Il est normal, pour la plupart d’entre eux, de jeter leurs déchets dans la nature. Ils ne se rendent pas compte de l’impact de ces gestes anodins sur l’environnement et sur leur santé. Par ailleurs, il arrive que malgré les nettoyages de certaines zones par les services de la voirie, les comportements sociaux perdurent, et les déchets s’entassent de nouveau rapidement. Changer les mentalités et les comportements des djiboutiens est donc une réelle urgence.

Cette situation engendre des nuisances importantes pour les habitants avec des conséquences néfastes sur leur santé, sur l’environnement et sur les ressources naturelles.

L’impact des déchets sur..

 

  • L’environnement

     

En plus de la pollution visuelle et olfactive, la mauvaise gestion des déchets affecte directement de nombreux écosystèmes et de nombreuses espèces. Ces déchets peuvent être également la source de plusieurs types de pollutions.

Pollution du sol : Les déchets qui ne sont pas collectés de manière adéquate se retrouvent dans la nature. Lorsqu’ils se décomposent, leurs composants (particules de plastique, certaines molécules, etc.) sont libérés et polluent l’environnement. Souvent, la forte interaction entre le sol et les produits toxiques et germes pathogènes issus des déchets ménagers, conduisent à une altération drastique des propriétés du sol.

Ces composants persistent pendant des périodes plus ou moins longues dans la nature. Il convient de noter que la durée de vie d’une canette en métal est de 100 à 500 ans contre 450 ans pour un sac en plastique.

Pollution de l’eau : Les infiltrations qui ont pour origine essentiellement le ruissellement des eaux de pluie, peuvent entraîner vers les sous sols des déchets tels que les piles, les huiles de vidange ou les acides de batteries. Ces produits chimiques hautement toxiques s’infiltrent alors dans les sols et peuvent rejoindre les nappes phréatiques, polluant ainsi la ressource en eau. A savoir que les rejets humains sont la première cause de pollution de l’eau douce.

Pollution atmosphérique : Une fois jetés à la poubelle puis collectés par les services de gestion des ordures, nos déchets seront acheminés dans des centres de stockage, ou décharges. Leur dégradation libère du méthane qui est après le dioxyde de carbone, le deuxième gaz qui contribue le plus au changement climatique. Lors de la dernière COP qui s’est tenue à Glasgow, ce gaz hautement toxique était au centre des discussions. Une centaine de pays s’étaient alors engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30% d’ici 2030 par rapport à 2020.

  • La santé

     

Par ailleurs, on assiste à l’incinération de déchets à ciel ouvert un peu partout dans Djibouti-ville et dans les banlieues.  Or, cette pratique entraîne des risques pour la santé pour ceux qui sont exposés directement à la fumée. En effet, le brûlage de déchets à ciel ouvert – y compris des matériaux en apparence inoffensifs comme le papier, le carton, les résidus verts, et les matériaux de construction – libère un mélange dangereux de composés cancérigènes et d’autres substances toxiques lorsque ces matériaux sont brûlés à ciel ouvert.

Les personnes ayant un système respiratoire sensible, ainsi que les enfants et les personnes âgées sont les plus susceptibles d’être affectées. Voici un éventail des polluants issus des émissions de dioxines et de furanes dans l’environnement auxquels nous pouvons être exposés à Djibouti et leurs risques éventuels pour la santé :

Djibouti, future ville propre et éco-responsable ?

C’est un fait, la ville de demain va de pair avec le développement durable. Pourquoi ? Parce que nos modes de vie actuels sont responsables de la dégradation de notre environnement. Il devient alors nécessaire de prendre en compte l’aspect environnemental dans le développement de nos sociétés. Le concept de “ville durable et écoresponsable” devient alors indispensable pour faire face aux défis environnementaux. Comment Djibouti-ville pourrait-t elle devenir une ville éco-responsable où il faut bon vivre ? Quels efforts devraient être faits pour réussir la transition écologique et sociale?

 

Moins de déchets

Mettre à disposition des foyers modestes des bacs à ordure. Cela facilitera le travail de collecte des déchets solides dans les quartiers de la ville. Et pourquoi ne pas mettre en place un système de compostage des déchets de cuisine récupérés dans les ménages d’un même quartier? Le compost crée servirait aux jardins et à l’agriculture urbaine pour la production d’aliments bio.

Il faudrait accompagner ces mesures par une politique publique plus offensive qui responsabilise chaque citoyen. Abandonner ses déchets dans la rue ou ne pas respecter les règles de collecte définies par la mairie devrait être puni d’une amende pénale. Aux grands maux, les grands remèdes.

Plus de nature en ville !

En matière d’écologie, les villes les plus célèbres comme Oslo ou Copenhague se démarquent par la mise en valeur de plus d’espaces verts dans tous les quartiers. A Djibouti aussi, la ville devrait engagée une démarche environnementale forte en augmentant le nombre d’arbres plantés et d’espaces verts.

Plus de parcs dans les quartiers, plus de jardins publics dans la ville, plus d’arbre, l’idée étant de rendre les villes plus agréables avec des espaces communautaires où les enfants peuvent jouer et les habitants peuvent se retrouver.

Par ailleurs, il est important d’y intégrer des espaces verts. En effet, l’utilisation intempestive des climatiseurs, le béton, la concentration des activités et le manque de végétation créent des îlots de chaleur urbaine autour des habitations. La ville devient alors un véritable four, invivable pour ses habitants, surtout pendant les périodes de canicule qui se multiplient ces dernières années avec le réchauffement climatique.

En plus de produire de l’oxygène, d’absorber le CO2 et de filtrer les polluants présents, les arbres régulent la température et jouent également un rôle de climatiseur naturel.  Ils peuvent en effet rafraîchir l’air ambiant de 2° à 8°C selon la quantité et leur placement.

D’après une étude de l’ADEME ( Agence française de l’environnement et de la Maitrise de l’énergie), “un arbre mature au sein d’une plantation d’arbres peut évapore jusqu’à 450 litres d’eau par jour, ce qui rafraîchit autant que cinq climatiseurs fonctionnant 20 heures par jour“.

Intégrer la verdure serait ainsi une solution pour lutter contre la chaleur et ramener un peu de fraicheur dans la ville. Il faudrait sensibiliser et encourager les constructeurs et principalement les habitants à laisser des espaces entre les bâtiments pour y implanter des espaces verts. Les arbres et la végétation ont définitivement leur place à Djibouti-ville.

Une ville éco-responsable, des citoyens éco-responsables

Être éco-responsable est une initiative d’abord personnelle qui vise à réduire son impact environnemental avec la conviction que chaque geste peut faire une différence. L’éco-citoyenneté se traduit par une multitude d’actions simples et faciles qui en commun, peuvent avoir un impact important pour le pays.

Il est indispensable d’impliquer les citoyens à Djibouti dans une démarche éco-responsable. C’est le moyen d’intégrer les préoccupations environnementales au cœur des foyers mais aussi de les aider à mettre en œuvre les bonnes pratiques éco-responsables chez soi, au bureau et partout dans la ville de Djibouti. Éteindre la lumière en quittant une pièce, augmenter la température du climatiseur, débrancher les appareils une fois chargés, jeter ses déchets dans la poubelle, réduire son utilisation du plastiques…il suffit souvent de gestes écologiques simples, de nouvelles habitudes, qui répétés, feront des économies de ressources naturelles et de dépenses familiales.

Créer un bureau dédié à l’environnement dans chaque quartier. Sous la direction des chefs de quartiers, sa mission serait de sensibiliser avec pédagogie, d’accompagner les habitants à devenir éco-responsable à Djibouti ;

Encourager l’agriculture locale et le commerce solidaire par la création d’un supermarché de produits djiboutiens bio. Un énorme coup de pouce pour les agriculteurs du pays!

Créer des jardins communautaires entretenus par les habitants pour les sensibiliser au travail de la terre.

Djibouti : Le bâtiment, un gouffre énergétique

Les bâtiments sont un véritable gouffre énergétique dans les pays africains et Djibouti ne fait pas exception à la règle. Avec une urbanisation rapide, les villes africaines ne peuvent plus ignorer la question de la régulation de l’énergie dans le bâtiment. Zoom sur les défis et les enjeux liés à ce secteur.
 
 
 

Des villes qui explosent 

À l’échelle mondiale, les bâtiments sont les plus gros consommateurs d’énergie. Selon le rapport, publié par l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (GlobalABC), hébergée par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), le secteur représentait 36% de la consommation finale d’énergie et 37% des émissions de CO2 liées à l’énergie en 2020 et ces chiffres pourraient doubler voire tripler d’ici 2050.

“Le secteur des bâtiments en Afrique abrite 50% de la consommation totale en énergie électrique” a déclaré Serigne Mansour Tall, chargé de programme à l’ONUHABITAT.

La même tendance est, en effet, observée sur le continent africain. Et la demande en énergie devrait s’accroître considérablement avec la forte urbanisation du continent. La population africaine devrait ainsi atteindre 2,4 milliards de personnes d’ici 2050, dont plus d’un milliard de citadins, selon les Nations Unies. Une situation qui, par conséquent, multipliera par quatre le parc immobilier en Afrique. 

A Djibouti, la très forte urbanisation et la hausse de la population mettent les réseaux électriques encore plus sous pression. La capitale Djibouti-ville qui concentre à elle seule, plus de 60% des habitants du pays est ainsi confrontée à un accroissement de la demande de logement. L’énergie étant l’une des plus grandes sources de dépense dans un bâtiment. Il devient aujourd’hui nécessaire de réguler ce secteur qui offre des économies d’énergie et de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, importantes et accessibles.

Comprendre l’énergie consommée par un bâtiment 

Quand on parle de l’énergie consommée d’un bâtiment, il convient tout d’abord de distinguer deux éléments. D’une part, il y a la consommation d’usage (chauffage, eau chaude sanitaire, éclairage, ventilation, climatisation). Une énergie que l’on peut facilement suivre et quantifier notamment à l’aide de compteurs. D’autre part, il y a ce que l’on appelle couramment l’énergie « grise » : l’énergie utilisée lors de l’extraction de la matière, de la transformation, du transport et de la construction d’un bâtiment. Lorsque celui-ci est déconstruit, s’ajoute également l’énergie nécessaire à cette déconstruction.

Si dans le passé, cette notion a été négligée, la prise en compte de la consommation énergétique nécessaire à la construction du bâti s’avère désormais décisive. En effet, l’énergie « grise » peut représenter jusqu’à 50% de l’énergie totale consommée sur 40 ans d’un bâtiment ! Prendre en compte l’énergie grise est donc un facteur pertinent dans l’aménagement ou la construction d’une habitation. Il est aujourd’hui possible de s’orienter vers des matériaux et équipements ayant un faible coût en énergie grise, et d’être véritablement acteur de sa consommation énergétique de la conception de son bâtiment jusqu’à son exploitation.

Pourquoi le bâtiment consomme autant à Djibouti ?

 

 

Historiquement, avant l’adoption du mode de vie moderne, la plupart des habitants à Djibouti vivaient de manière plus harmonieuse avec leur environnement. La case de la famille (appelée toukoul ou daboyta) était généralement composée de matériaux légers et qui provenaient directement de leur environnement : des fibres végétales en toiture comme les feuilles de palmier doum, tapis, peaux, cordelettes. Les habitats traditionnels étaient de plus relativement adaptés à leur mode de vie et surtout au climat du pays.                   

Des constructions récentes mal adaptées

Au fur et à mesure du développement urbain et en quête d’une certaine modernité, le bâtiment africain s’est malheureusement coupé de sa tradition bioclimatique. Un ensemble de savoir-faire qui a pourtant permis aux habitants d’affronter les climats extrêmes de la région. Les constructions traditionnelles ont alors laissé place à des modèles constructifs inspirés des pays tempérés et souvent inadaptés au contexte climatique local. 

Les matériaux d’usage récent comme le béton, le verre ou la tôle métallique – très utilisés à Djibouti et dans tout l’Afrique pour l’enveloppe et la toiture des bâtiments – ne sont pas adaptés aux fortes chaleurs. Le verre, par exemple, réfléchit le rayonnement solaire vers l’espace environnant, créant des îlots de chaleur, avec un risque d’effet de serre à l’intérieur des immeubles. Le béton, quant à lui, emmagasine de la chaleur la journée et la redistribue en début de soirée et pendant la nuit. Ces procédés constructifs inadaptés aux climats chauds et tropicaux africains génèrent souvent un inconfort thermique souvent compensé par l’usage de la climatisation.

En effet, lorsque comme tous les étés, les températures montent à Djibouti, l’envie de se réfugier à l’abri des climatiseurs devient une nécessité. Des appareils de rafraîchissement qui sont malheureusement très gourmands en énergie. On comprend un peu mieux pourquoi la climatisation pèse autant sur la facture d’électricité des djiboutiens.

             

Des besoins nouveaux en électricité 

Au-delà de l’augmentation importante de la population sur les dernières décennies, ce sont principalement l’évolution de nos modes de vie qui expliquent la consommation croissante d’énergie en Afrique. L’énergie est bien sûr utilisée pour des besoins basiques : s’éclairer, se rafraîchir, cuire des aliments, se laver, etc. Mais de nouvelles habitudes sont aussi arrivées dans nos quotidiens, augmentant nos besoins en électricité. La disponibilité nouvelle d’appareils électroménagers et l’utilisation de plus en plus courante des écrans augmentent fortement notre consommation. Dans son rapport « Africa Energy Outlook » publié en 2019, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) souligne notamment que la demande d’énergie en Afrique progresse deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Ainsi, des constructions qui étaient conçus sans prise en considération des questions énergétiques se trouvent maintenant de plus en plus associés à des besoins énergétiques croissants et de plus en plus diversifiés.

La hausse des températures mondiales 

La climatisation représente une part de plus en plus importante de la consommation électrique du secteur du bâtiment. Pour cause, la répétition des épisodes caniculaires qui poussent les populations à un recours massif à la climatisation. Dans une étude publiée sur la dynamique des températures et ses risques pour les populations en 2019 par le djiboutien Moustapha NOUR AYEH, maître de conférences en géographie, Djibouti est aussi impactée par le réchauffement global. Il reporte une hausse d’au moins 1,48 °C pour la température moyenne, depuis les 50 dernières années. Les températures, déjà très élevées, se sont renforcées dans le pays. Il serait par conséquent logique que le besoin de la climatisation se soit également accentué avec le temps. 

L’action citoyenne au cœur de la transition écologique

Notre média a eu l’opportunité de participer au projet ’22’ organisé par Liverpool Arab Arts Festival et d’avoir représenté Djibouti. Le projet réunit 22 artistes des pays de la Ligue arabe qui partagent leurs histoires, leurs réflexions et leurs expériences face au changement climatique, comme réponses à la COP26. L’occasion pour Amina, notre rédactrice, d’évoquer son parcours vers l’écologie, de l’importance d’une émergence collective citoyenne et de la difficulté des africains à se créer une place dans les débats liés au climat.

Certaines passions ne se discutent pas. Elles rendent heureux, réconfortent et partagées avec les autres, elles favorisent les liens sociaux. Mes passions à moi, je les ai hérités volontiers de mon papa.

Mon père a été professeur pendant presque toute sa carrière. Passionné et très pédagogue, il a toujours été un grand féru de lecture. Nous avons, moi et mes frères et sœurs, baignés dans cet univers remplis de fées, de monstres et d’aventures depuis notre enfance. Petite, on se réunissait tous dans une chambre pour lire, avec chacun un livre en main, juste avant la sieste de l’après-midi. Un moment de complicité et de partage qui était devenu au fil des années, en quelque sorte, un rituel familial.

Grand fan de Nicolas Hulot, de Yann Arthus Bertrand et de National Geographic, mon père aime énormément la nature, les animaux et les grands espaces. J’ai ainsi pris l’habitude de regarder avec lui des documentaires sur la gestion des parcs animaliers, les profondeurs des océans, le sauvetage des dernières girafes au Kenya, la cohabitation des grands carnivores avec l’homme, la fonte des glaciers, la protection des forêts ou encore l’impact de la mondialisation sur l’environnement…Autant de documentaires qui nous émerveillent, nous faisaient voyager, expliquaient un sujet compliqué d’une façon toute simple mais qui nous assurent surtout de jolis moments en famille.

Une transmission, qui s’est faite en douceur, jamais sous la contrainte. Grâce à ma famille, ma passion pour les lettres et mon intérêt pour les sujets environnementaux ont fait un peu partie de ma vie. Puis quand est venu le temps de choisir un métier, je me suis orientée tout naturellement vers le métier d’ingénieure en énergie et développement durable. Un métier m’a permis d’ouvrir les yeux sur de nombreux sujets comme le développement durable ou les énergies renouvelables et qui a surtout renforcé mon intérêt pour l’écologie. Aujourd’hui, ce sujet fait partie intégrante de ma vie, encore plus maintenant que j’ai des enfants. J’essaie aujourd’hui à ma petite échelle d’être plus responsable et écolo dans mes comportements. Et c’est par une envie de partager mon cheminement et toutes les réflexions autour, qu’est née avant tout, l’idée du blog Écolo à Djibouti.

Il y’a aussi ce sentiment qu’à Djibouti et partout en Afrique, l’écologie est un sujet trop souvent confiné dans un cadre, incapable d’atteindre toutes les couches de la population. L’idée était alors de toucher le grand public d’une façon simple pour les sensibiliser à l’un des grands défis du 21ème siècle : celui du respect de l’environnement. De l’information liée au développement durable aux conseils pour réduire ses déchets, Écolo à Djibouti se veut un blog simple avec des articles accessibles et des idées à la portée des individus. Le plus important étant d’informer de manière fiable les citoyens de tous âges pour susciter, peut-être un éveil de la conscience écologique.

L’individuel mène au collectif…

L’écologie est une conscience vis-à-vis de ce qui nous entoure, de la fragilité du monde dans lequel nous vivons et de l’urgence d’en prendre soin. Le partage d’informations est de ce fait un levier important qui informe et sensibilise afin d’initier chez les citoyens un réel changement de perception vis-à-vis de l’environnement. Mais ce n’est pas suffisant malheureusement. En effet, la conscience écologique ne peut naître du seul constat que la vie sur la planète terre est fragilisée. Elle doit être accompagnée d’un changement de comportements de toute la société.

« On sait bien que le changement climatique, c’est grave, mais on ne peut rien faire ».

La posture qui consiste à ne rien faire sous prétexte qu’il y a bien pire que nous sur l’échelle des agresseurs de la planète est vaine. Or il faut agir. Maintenant. Je reste persuadée qu’il faut cesser d’attendre que les changements viennent de l’extérieur et réfléchir ensemble à tout ce qu’on peut commencer à faire dès aujourd’hui. Il n’y a pas de petites actions, elles comptent toutes et permettent à chacun de réduire son empreinte environnementale. Des petits gestes qui, mis bout à bout, font bouger les choses à plus grande échelle.

Peu à peu, de plus en plus de personnes, également sensibles à l’écologie et à la protection de la nature ont émis le désir de rejoindre la démarche portée par le blog. C’est la raison pour laquelle est né le mouvement Écolo à Djibouti qui est venu enrichir le média existant. Il entend fédérer et mobiliser l’ensemble des acteurs de la société pour l’environnement afin de favoriser l’émergence d’actions collectives. Le mouvement souhaite aussi mettre en lumière les initiatives de leurs concitoyens. A travers les articles, les lecteurs et lectrices découvrent les nombreuses initiatives qui naissent chaque jour à Djibouti pour favoriser un développement durable. L’occasion de les soutenir, s’en inspirer et d’amplifier leur impact.

Je pense qu’une attention particulière doit être accordée aux jeunes, acteurs de la transition écologique de demain. L’éducation à l’environnement à un grand rôle auprès des plus jeunes pour leur donner l’envie de préserver leur environnement et adopter dès maintenant des comportements éco-responsables. Je donne régulièrement des cours bénévoles à des lycéens à Djibouti. Une initiative que l’on souhaite étendre à d’autres établissements scolaires à travers le mouvement. C’est en formant les jeunes qui seront les acteurs du monde de demain, que l’on peut changer durablement les mentalités.

Faire entendre la voix de l’Afrique et des africains

A Djibouti comme partout en Afrique, des actions citoyennes s’inventent et prennent tout doucement. Pour se déployer efficacement, elles butent néanmoins sur des limites et des difficultés : manque de légitimité, de coordination, de visibilité, de difficulté à étendre les projets…Elles sont pourtant essentielles dans la mesure où la transition écologique nécessite une réponse collective de tous les acteurs : les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les citoyens. Il est donc important que les Etats africains intègrent la participation des citoyennes et des citoyens dans le cadre des décisions publiques à fort impact environnemental.

En Afrique, l’action citoyenne serait la plus intéressante dans la sensibilisation du grand public. En effet, encore trop peu de personnes sont sensibilisées aux problématiques environnementales qui touchent le continent et qui menacent ses habitants. Beaucoup d’Africains savent par exemple que des incendies ravagent la forêt en Amazonie, mais peu savent que des millions d’hectares de forêt disparaissent chaque année dans le bassin du Congo. Avec un meilleur accès à l’information, ces populations seront alors en mesure, de se réapproprier leurs richesses naturelles et de mieux les préserver.

Mais si les autorités africaines accordent peu d’espace de discussion à la question environnementale, sur la scène internationale, la situation n’est pas mieux où l’Afrique et les communautés indigènes les plus touchées, sont ignorées. Ces populations vulnérables qui sont pourtant en première ligne face aux conséquences du changement climatique, ne sont presque jamais à la une des journaux du monde entier. En août 2021, alors que les médias occidentaux avaient tous les yeux rivés sur les inondations dans le sud de l’Allemagne ou en Belgique, les inondations meurtrières au Niger n’ont fait l’objet que de très peu de couverture.

Et ce manque de couverture médiatique s’étend plus loin avec, notamment, les activistes africains qui ont encore du mal à trouver de l’espace pour s’exprimer. Ils ne manquent pourtant pas d’initiatives dans la lutte contre le réchauffement climatique mais leurs voix portent peu dans le bal des grands sommets mondiaux autour de l’environnement. Le traitement médiatique de la jeune activiste ougandaise, Vanessa Nakate en est un parfait exemple. Près de deux ans après avoir été coupée d’une photo où elle posait avec Greta Thunberg, elle a été une fois de plus, évincée d’une photo au côté de l’activiste suédoise en pleine COP26. Cette invisibilisation de l’Afrique dans les revendications écologiques s’inscrit dans un système où les problèmes climatiques sont considérés comme “des problèmes de Blancs” et où la parole des personnes noires est constamment dévalorisée.

Mais qui est-ce qui amplifie déjà leurs voix dans leurs propres pays ?

Au-delà des exclusions médiatiques, les activistes africains sont bien moins représentés dans les débats sur le réchauffement climatique parce qu’ils affrontent davantage de problèmes que leurs pairs pour y prendre part. Financements limités, manque d’accréditation et surtout un manque de soutien de leurs États limitent la participation de la jeunesse la plus exposée aux effets du changement climatique. Les États africains manquent alors bien souvent de capacités techniques pour négocier sur un pied d’égalité avec leurs partenaires du Nord. Que peuvent-ils faire ? Beaucoup, mais en premier lieu, ils devraient fournir à leurs citoyens et citoyennes toutes les clés pour comprendre et agir en faveur de l’environnement. Les politiques doivent surtout s’appuyer sur la force de l’engagement citoyen dans la transition écologique. Ils seront plus à même de réclamer plus d’actions de la part des pays du Nord et de peser sur les décisions politiques environnementales sur la scène internationale.

Cela suffira-t-il pour changer la donne ? Une chose est sûre : si on n’essaie pas, ça ne marchera pas !

Zeta Corp, la startup qui veut en finir avec les déchets à Djibouti

Dans une société où tout se jette, le problème des déchets prend de plus en plus de place. Ces ordures polluent considérablement nos écosystèmes et peuvent même, dans certains cas, être une menace pour notre santé. Mais face à ce constat, un jeune entrepreneur djiboutien pourrait avoir trouvé la solution à ce problème pour Djibouti.

 

Une machine qui transforme les déchets en cendres

Finaliste de la première édition du concours d’entrepreneuriat D-Startup organisé par le Fonds Souverain de Djibouti, Abdillahi Ahmed est un jeune entrepreneur djiboutien déterminé, prometteur et rempli d’ambitions. A tout juste 25 ans, il a déjà fondé sa startup Zeta Corp avec une idée bien en tête : celle de révolutionner le traitement des déchets à Djibouti. Pour y parvenir, il compte sur une drôle de machine baptisée ASHER qui promet de réduire les déchets solides en cendres sans les brûler.

« Les déchets ont longtemps été un problème à Djibouti mais aussi en Afrique. Nous brûlons et jetons nos déchets un peu partout. Je veux offrir une alternative à ce problème avec le ASHER » dit-il.

Comment fonctionne-t-il ?

Le ASHER est un petit appareil de 6 mètres de haut qui peut réduire la plupart des déchets solides en cendres, à l’exception du verre et des métaux. En quoi alors cet appareil est-il différent d’un incinérateur lambda puisqu’il y’a production de cendres et donc combustion ? Pour répondre à cette question, il a fallu nous replonger dans nos livres de chimie.

Lorsque les déchets sont mis dans l’Asher, ils finissent dans la chambre de dégradation thermique. Sous la chaleur extrême de la chambre (jusqu’à 1000°C), ils se décomposent via le processus de pyrolyse. Pour rappel, la pyrolyse c’est lorsqu’une substance se décompose sous l’action de la chaleur et sans autres réactifs.

La chaleur générée par le processus est maintenue uniquement à l’intérieur de la chambre. Ainsi, plus la machine fonctionne longtemps, plus la température interne sera élevée. Ce n’est donc pas une combustion mais une décomposition chimique qui détruit les déchets dans l’ASHER. Il en résulte alors des cendres et de petites quantités de gaz. Des cendres qui mélangées à de la sciure de bois peuvent devenir de l’engrais organique, nous a expliqué Abdillahi. Elles sont non dangereuses et conformes aux normes de l’Agence américaine de protection de l’environnement, a-t-il ajouté. Si celles-ci ne peuvent pas être transformées en fertilisant à cause de la nature des déchets traités (par exemple : les couches, les plastiques), les cendres peuvent être utilisées à d’autres fins, comme pour la fabrication de pavés destinés à l’aménagement paysager. Un moyen de valoriser le contenu de nos poubelles.

La machine produit 4 % de son poids d’origine sous forme de cendres donc pour 1000 kg de déchets, nous n’obtiendrons que 40 kg de cendres. Les 5 à 6 % restants sont des déchets non gérables, qui comprennent les déchets métalliques, céramiques et de béton.

Le ASHER nous vient tout droit de Malaisie et a été mis au point par Roland TEE. En 2010, à la retraite après toute une vie à travailler dans l’industrie de l’eau, ce sexagénaire malais, a décidé d’apporter une solution à la problématique de traitements des déchets dans dans sa ville. Après des dizaines de prototypes, il met alors au point le ASHER.

C’est en 2019, alors étudiant en Business Management que dans ce pays, que Abdillahi fait la connaissance de Roland TEE et de son associé Pang. Une belle rencontre qui a débouché deux années plus tard sur un partenariat prometteur, car Zeta Corp est aujourd’hui le référent exclusif de la marque en Afrique.

Abdillahi Ahmed le pdg de Zeta Corp en compagnie de Roland TEE, le créateur de l’ASHER

Une machine respectueuse de l’environnement ?

 

Des gaz inoffensifs

A Djibouti, on produit par jour, 300 tonnes de déchets organiques et inorganiques qui finissent en grande majorité au centre d’enfouissement de Douda. Mais au niveau mondial, l’incinération reste le mode majeur de traitement des déchets. Une pratique toujours controversée car accusée de diffuser des substances polluantes dans l’environnement avec des effets néfastes sur la santé humaine.

Contrairement aux incinérateurs, l’ASHER promet un procédé respectueux de l’environnement. D’après l’inventeur malais, les gaz produits à l’issue du processus de pyrolyse sont neutres et inoffensifs. Pour cause, la machine possède un système de filtration de l’eau pour empêcher les émissions toxiques résultant de ce processus, d’être rejetés dans l’atmosphère. Le ASHER dispose à ce jour de plusieurs rapports d’essais d’organismes de vérification qui attestent de la sûreté de l’appareil pour la santé et l’environnement.

Aucune énergie pour fonctionner

L’autre avantage nous a précisé Abdillahi est que comparé aux qui utilisent du carburant comme le diesel pour brûler les déchets, le ASHER n’a besoin d’aucune énergie à l’exception d’un petit feu pour démarrer. La chaleur créée est alors stockée dans les parois de l’appareil, faisant monter la température à l’intérieur et créant l’effet pyrolyse qui réduit en cendres les ordures. La décomposition des matières libère encore plus de chaleur, qui stockée de nouveau dans les murs, augmente la température dans l’appareil…un cycle se met en place. Tant que la machine est alimentée en déchets, elle continue alors de fonctionner sans électricité, ni gaz, ni carburant.

Pour les besoins primaires (ventilateur, tableau d’affichage), l’électricité produite à partir des panneaux solaires intégrés est plus que suffisante, ce qui permet au Asher de continuer à fonctionner même sous la pluie ou de faible ensoleillement.

Dresser un mur contre les pollutions

Nous produisons actuellement dans le monde en moyenne 2 Milliards de tonnes de déchets par an. Une production sans cesse plus importante avec des impacts sur notre environnement et notre santé. Djibouti n’échappe pas à la règle. Des centaines de milliers de tonnes d’ordures ménagères y sont produites par an. Des déchets qu’il importe de collecter, de transporter, de stocker et de traiter.

Là où la machine de Zeta Corp est intéressante, c’est qu’elle est mobile.

« Le ASHER va là où il y’a les déchets, c’est un gain de temps et d’argent » nous explique Abdillahi, le dirigeant de Zeta Corp. Sa fonction portative permettrait donc à la machine d’être disposée un peu partout : aux environs des marchés, des villes, dans les zones rurales, les terrains difficiles, les parcs nationaux. Placée près des décharges, elle éviterait les incinérations à ciel ouvert de déchets, responsables de pollution atmosphérique.

Et bien évidemment lorsqu’on parle de déchets, impossible de ne pas mentionner la pollution plastique qui empoisonne la planète toute entière. A Djibouti, les sacs plastiques sont monnaie courante et se retrouvent facilement jetés dans la nature ou dispersés à chaque coin de rue. Bouteilles , plastique, caoutchouc, tubes et pneus, déchets mixtes, le ASHER est capable de traiter la plupart des déchets tout en étant respectueux de l’environnement. Un bon moyen pour réduire la pollution plastique générée dans le pays. C’est le défi que Abdillahi Ahmed et sa jeune startup Zeta Corp ont décidé de relever à Djibouti.

Un projet prometteur à suivre !

 
 

Défi de la Semaine 2 : Planter des arbres dans le monde avec Ecosia

Le nouveau défi écologique de cette semaine est de planter des arbres de chez soi uniquement en surfant sur internet. Mais comment est-ce possible ? Je vous invite à lire cet article pour en savoir plus et participer au défi écolo de ce mouvement 👉 Ecosia, le moteur de recherche écologique qui plante des arbres

Pour rendre la semaine plus intéressante, je vous invite à voir combien d’arbres chacun de nous aura planter à la fin de la semaine. Il y’a en effet un compteur en haut à droite de votre page de recherche qui dénombre vos nombres requêtes instantanément. Il suffit alors de diviser le nombre final par 45 pour savoir le nombre d’arbres que vous avez plantés à la fin de la semaine.

C’est simpleécologique et en faisant cela, vous aidez des communautés vulnérables à sortir de la précarité.

Voici un tutoriel qui vous aidera à installer ce fameux moteur de recherche écolo.

1. Tapez : Ecosia dans la barre de recherche web
Peu importe votre navigateur : Internet explorer, Google Chrome, Firefox ou Safari …

2. Cliquez sur le premier lien : ecosia.org
Il envoie automatiquement vers une page d’accueil compatible avec votre ordinateur (Mac, Windows…)

3. Cliquez sur « Ajouter Ecosia à … »
Ecosia va s’installer dans votre navigateur Web, c’est une extension. Vous continuerez donc à utiliser votre navigateur habituel.

4. Il ne reste plus qu’à définir Ecosia comme votre page d’accueil.

Si vous souhaitez utiliser Ecosia sur votre smartphone, vous devrez télécharger l’application dans votre store d’applications.

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