Au cœur des jardins d’Ambouli, véritable poumon vert de Djibouti-ville, nous avons rencontré Anwar, un jardinier passionné par la terre. Dans son jardin familial, Anwar persévère dans son métier et sa passion malgré les nombreuses difficultés. Découvrez son histoire et comment il parvient à préserver ce petit coin de paradis.
Une histoire de famille
Jovial, avec son chapeau de paille sur la tête, Anwar Abdirahim Ahmed nous accueille fièrement dans son paradis. Âgé de 36 ans, marié et père de quatre enfants, il incarne l’âme de son jardin familial, un coin de verdure niché à l’entrée de la commune de Balbala.
Anwar a toujours vécu dans ce jardin. Un bien familial, hérité de son père, lui-même l’ayant reçu de son propre père. Un précieux legs qu’il s’attache à préserver en cultivant la terre qui a nourri ses ancêtres. Il me raconte que leur histoire remonte à l’époque de la colonisation française, lorsque son grand-père, originaire de Balbala, fut déplacé à Ambouli. Là-bas, il succomba au charme des jardins déjà présents et décida de s’y installer pour y travailler la terre et vendre ses produits.
Au fil des années, la famille Ahmed a diversifié sa production. « À l’époque, il y avait essentiellement des palmiers doums, » raconte Anwar. ‘Petit à petit, nous avons ajouté des goyaviers, des papayers et du jasmin, une fleur particulièrement prisée par les femmes djiboutiennes pour parfumer leurs cheveux et vêtements‘. À la mort de son grand-père, Anwar a continué à travailler dans le jardin avec son père, perpétuant ainsi cette tradition familiale.
Il n’a jamais suivi de formation professionnelle en jardinage. Tout ce qu’il sait, il l’a appris de ses aînés. Ce savoir-faire transmis de génération en génération n’a pas de prix. Il a cependant su innover et répondre aux besoins changeants de ses clients. Remarquant une demande croissante pour les fleurs, il a décidé de consacrer une partie de son jardin à la culture de fleurs de toutes les couleurs, répondant ainsi aux aspirations des Djiboutiens souhaitant embellir leurs jardins.
Une résilience à toutes épreuves
Bien que la vente de plantes, fruits et légumes constitue une partie de ses revenus, Anwar doit diversifier ses activités pour subvenir aux besoins de sa famille et de ses quatre employés. En plus de son travail de jardinier, il propose ses services à domicile, aidant ses clients à planter et entretenir leurs jardins. Polyvalent et débrouillard, il a également développé un petit élevage de vaches, chèvres, lapins et pigeons, assurant ainsi une source de revenus supplémentaire.
Le métier de jardinier n’est pas sans ses difficultés. Anwar évoque notamment les crues de l’oued voisin, qui peuvent causer des ravages dans son jardin. La crue survenue fin mars 2024, par exemple, a atteint plus de deux mètres, détruisant une grande partie de ses plantations. Malgré ces défis, Anwar demeure résilient et trouve toujours la force de recommencer, car c’est ce qu’il aime et qu’il a toujours fait.
Quand je lui demande pourquoi c’est lui qui a repris le jardin familial parmi ses trois frères, Anwar répond avec une émotion palpable et des yeux brillants de fierté : ‘Mon père répétait toujours que c’est moi, Anwar, qui le remplacerait quand il ne serait plus en mesure de le faire.’ Il ajoute : ‘C’était normal, j’étais le dernier et je le suivais partout, comme son ombre.‘
Malgré les obstacles, Anwar est heureux de sa vie passée au milieu des fleurs, citronniers et aloé véra. Son dévouement et son travail acharné sont un hommage poignant à son père et une source de fierté pour toute sa famille. Si vous êtes à Djibouti et que vous avez besoin d’herbes aromatiques, de fleurs, de citronniers ou de jasmin, n’hésitez pas à lui rendre visite dans son jardin d’Ambouli. Vous soutiendrez non seulement un artisan local, mais vous aurez également l’occasion de découvrir un coin de paradis en pleine ville.
Un brin d’humour, un accueil chaleureux et des plantes de qualité : n’hésitez pas à lui demander conseil !
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