El Nino, ce nom vous dit surement quelque chose. Quand on en entend parler dans les médias, il est souvent synonyme de températures record au niveau mondial, sécheresses historiques, mauvaises récoltes, tempêtes monstres…Coup de projecteur sur El Nino, l’un des plus grands perturbateurs du climat planétaire.
El Nino, une montée en flèche des températures dans le Pacifique
Il arrive que tous les 2 à 7 ans, l’Océan Pacifique soit le théâtre d’un phénomène météorologique assez particulier qui dure entre 12 à 18 mois. Les températures au niveau du Pacifique montent en flèche avec des dérèglements météorologiques ressentis partout dans le monde.
En temps normal, dans l’Océan Pacifique, les alizées, ces vents soufflant toute l’année dans les régions intertropicales, se dirigent vers l’ouest en apportant des côtes du Pérou et de l’Equateur de l’air sec et chaud. Ces vents en traversant le Pacifique se refroidissent, se chargent petit à petit en humidité par évaporation. Cet air humide et chaud provoque une zone d’intenses orages en Indonésie et en Australie et une remontée des eaux froides le long des côtes américaines. C’est donc le scénario classique.
Mais lorsque El Niño touche la Terre, la zone chaude se déplace vers l’est de l’Océan Pacifique avec une hausse de la température de la surface de l’eau jusqu’à 10 mètres de profondeur. Les alizées s’affaiblissent, s’inversent et poussent la surface chaude de l’eau vers l’Amérique du Sud, provoquant d’intenses précipitations inhabituelles dans cette zone du globe. Cela déclenche également la formation d’ouragans au milieu du Pacifique qui frappent régulièrement la Polynésie. A contrario, les eaux plus froides près de l’Australie et de l’Asie du sud-est entrainent des sécheresses excessives et retardent les moussons censées arrivées.

Les conséquences de El Niño
Dans le monde
Même si El Niño trouve son origine dans l’ouest du Pacifique, ses répercussions se ressentent dans toutes les régions du globe, modifiant considérablement les conditions climatiques.
L’Amérique du Sud et la côte ouest des Etats Unis sont souvent en proie à des tempêtes avec des dégâts matériels et humains considérables. En Janvier 2016, la Californie avait connu des inondations catastrophiques à cause de El Nino, déplaçant des milliers de personnes et transformant les rues en rivières. En Février de la même année, il frappait le Pérou, l’Uruguay et le Paraguay causant inondations et glissements de terrain dans de multiples régions.
Par opposition, en Asie du sud-est et sur la cote est de l’Australie, El Niño se manifeste par des sécheresses importantes qui menacent l’agriculture et favorise les incendies de forêt. Par exemple, en 1997, il avait rudement touché l’Indonésie et les Philippines causant des pertes humaines du fait de la famine. Et rebelote en 2016 où El Niño retardait l’arrivée des pluies et donc des moussons en Asie, plongeant les mêmes pays tels que l’Indonésie, les Philippines ou l’Inde dans une saison sèche prolongée.
Le continent africain n’est également pas épargné par l’enfant terrible du climat. L’épisode El Niño actuel (1997-98), avait lourdement touché la Corne de l’Afrique avec des pluies exceptionnelles et l’Afrique australe par des sécheresses interminables.
Pluies ou sécheresses, El Nino avait perturbé les productions agricoles de ces populations souvent rurales, menaçant la sécurité alimentaire de millions de personnes en Ethiopie, en Somalie, au Malawi ou encore en Afrique du Sud.
A Djibouti
On s’en souvient encore de cette nuit du 13 Avril 2004 où El Niño frappait Djibouti avec des pluies diluviennes qui provoquaient le débordement de l’Ouest d’Ambouli. Au moins 50 personnes avaient péri dans les inondations et plus de 100 000 se retrouvaient sinistrés. Le pays connaissait alors l’une des pires inondations depuis novembre 1994, juste 10 ans auparavant, qui avaient fait 100 victimes.

Quelles prévisions pour le futur ?
Depuis 1900, il y’a eu au moins une trentaine d’évènements avec des impacts climatiques et sociétaux importants. Les épisodes de 1982-1983, 1997-1998 et 2014-2016 ayant été les plus sévères. Il y’a aussi eu d’autres évènements El Niño en 2002-2003, 2004-2005, 2006-2007 et 2009-2010. Malgré ces occurences depuis le XXème siècle, les études de El Niño ont véritablement connu un essor qu’à partie des années 2000. les experts de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et des centres climatiques partenaires surveillent les signes précurseurs et plus particulièrement l’évolution de la température de surface de la mer dans l’océan Pacifique équatorial. Si une augmentation de la température dans le Pacifique est observée, il est fort probable qu’un épisode El Niño est en cours de préparation.
Autre question : le réchauffement climatique aggrave le phénomène El Nino ?
Une étude menée par des chercheurs australiens en 2019, vient appuyer cette hypothèse. En effet, grâce à l’analyse de centaines de coraux et fossiles vieux de 400 ans, ils sont venus à l’affirmation suivante : les épisodes extrêmes d’El Niño sont devenus plus intenses et plus fréquents depuis le début de l’ère industrielle. Conclusion cependant réfutée par d’autres scientifiques qui considèrent le modèle climatique développé encore faible à cause du manque de données globales.
Malgré le caractère irrégulier de ce phénomène climatique et le manque de données études, il est aujourd’hui possible de prévoir l’apparition d’un phénomène El Niño entre un à 9 moins à l’avance. Ces prévisions sont importants d’autant plus qu’elles donnent la possibilité aux pays de se préparer au mieux à l’impact de El Niño.