Sommet International sur le climat à Djibouti : bilan et perspectives

CLIMAT

Amina IDAN PAUL

10/27/20222 min lire

À l’initiative du Président djiboutien S.E.M. Ismaïl Omar Guelleh, le Sommet International sur le Climat et la Recherche (Climate Change and Research Summit) s’est tenu les 23, 24 et 25 octobre 2021.

Organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’évènement a rassemblé des scientifiques, des ONG, des chercheurs et des décideurs du monde afin d’échanger sur la lutte aux changements climatiques en Afrique.

Cette conférence internationale était également l’occasion de lancer officiellement l’Observatoire Régional de Recherche de l’Environnement et du Climat (ORREC), qui matérialise la volonté du Gouvernement d’intégrer les effets du changement climatique dans les politiques publiques environnementales. Point focal national et régional, cette structure sera chargée de fournir des données climatiques pour mieux contrer les conséquences du changement climatique.

Le Sommet était organisé autour de huit sessions principales associées à des évènements annexes :

  1. Scénario de modélisation du changement climatique

  2. Utilisation des sols et agrosystème

  3. Ressources en eau et gestion dans le contexte du changement climatique

  4. Utilisation des sols et agrosystèmes

  5. Maladies émergentes et biodiversité

  6. Migration, alimentation et système d’eau

  7. Atténuation, adaptation et solutions énergétiques

  8. Mise en réseau et renforcement des capacités

Plusieurs annonces majeures peuvent être retenues de cet évènement.

L’agroforesterie pour contrer le changement climatique à Djibouti

Getahun Garedew, spécialiste éthiopien de la protection de l’environnement, a souligné l’importance de l’agroforesterie. Ce mode de culture qui associent sur une même parcelle arbres et cultures ou élevages contribue à la régénération des sols, au retour de la biodiversité, tout en produisant de la biomasse et donc du stockage de carbone. L’agroforesterie peut s’adapter à de très nombreux systèmes d’exploitation mais elle est cruciale pour les petits maraîchers et les autres populations rurales, comme à Djibouti. Elle peut améliorer leur approvisionnement alimentaire, leurs revenus et leur santé.

Changement climatique et maladies émergentes

À l’occasion d’un volet sur les «Maladies émergentes et biodiversité», lors de la session 5, plusieurs chercheurs ont souligné que les activités humaines à l’origine de la dégradation de la biodiversité et du changement climatique constituent un facteur majeur dans l’émergence de nouvelles épidémies. Dr.Bouh Abdi Khaireh, médecin-chercheur djiboutien en biologie, a évoqué le cas de l’Anopheles stephensi, une espèce de moustique originaire d’Inde et qui a, plus récemment, élu domicile aussi dans la Corne de l’Afrique. Habituellement présent dans certains pays d’Asie du Sud-Est, du sous-continent indien et du Moyen-Orient, il a été signalé en 2012 à Djibouti et continue sa progression dans la région. Une épidémie directement liée aux variations climatiques qui créées des conditions propices à l’augmentation des maladies vectorielles.

Un constat partagé par Dr Mohamed El Hakim, épidémiologiste médical à l’Organisation mondiale de la santé. Il a présenté une étude qui montrait que les inondations de 2019 à Djibouti-ville avaient été à l’origine d’une augmentation de 70% des maladies vectorielles comme la malaria dans le pays. Preuve que les changements climatiques favorisent le développement des maladies vectorielles comme le paludisme ou la dengue transmises par les moustiques chez l’homme. En effet, les changements de température et de précipitation modifient l’environnement, la reproduction et le développement de ces populations d’insectes comme les moustiques, favorisant leur expansion.

Un phénomène qui risque de s’aggraver avec le temps d’où la nécessité pour les deux chercheurs de renforcer sa surveillance afin de mettre en œuvre de manière réactive une réponse de santé publique adaptée et proportionnée aux risques.


L’agroforesterie pour contrer le changement climatique à Djibouti

Getahun Garedew, spécialiste éthiopien de la protection de l’environnement, a souligné l’importance de l’agroforesterie. Ce mode de culture qui associent sur une même parcelle arbres et cultures ou élevages contribue à la régénération des sols, au retour de la biodiversité, tout en produisant de la biomasse et donc du stockage de carbone. L’agroforesterie peut s’adapter à de très nombreux systèmes d’exploitation mais elle est cruciale pour les petits maraîchers et les autres populations rurales, comme à Djibouti. Elle peut améliorer leur approvisionnement alimentaire, leurs revenus et leur santé.

Changement climatique et maladies émergentes

À l’occasion d’un volet sur les «Maladies émergentes et biodiversité», lors de la session 5, plusieurs chercheurs ont souligné que les activités humaines à l’origine de la dégradation de la biodiversité et du changement climatique constituent un facteur majeur dans l’émergence de nouvelles épidémies. Dr.Bouh Abdi Khaireh, médecin-chercheur djiboutien en biologie, a évoqué le cas de l’Anopheles stephensi, une espèce de moustique originaire d’Inde et qui a, plus récemment, élu domicile aussi dans la Corne de l’Afrique. Habituellement présent dans certains pays d’Asie du Sud-Est, du sous-continent indien et du Moyen-Orient, il a été signalé en 2012 à Djibouti et continue sa progression dans la région. Une épidémie directement liée aux variations climatiques qui créées des conditions propices à l’augmentation des maladies vectorielles.

Un constat partagé par Dr Mohamed El Hakim, épidémiologiste médical à l’Organisation mondiale de la santé. Il a présenté une étude qui montrait que les inondations de 2019 à Djibouti-ville avaient été à l’origine d’une augmentation de 70% des maladies vectorielles comme la malaria dans le pays. Preuve que les changements climatiques favorisent le développement des maladies vectorielles comme le paludisme ou la dengue transmises par les moustiques chez l’homme. En effet, les changements de température et de précipitation modifient l’environnement, la reproduction et le développement de ces populations d’insectes comme les moustiques, favorisant leur expansion.

Un phénomène qui risque de s’aggraver avec le temps d’où la nécessité pour les deux chercheurs de renforcer sa surveillance afin de mettre en œuvre de manière réactive une réponse de santé publique adaptée et proportionnée aux risques.


Futures collaborations avec l’Observatoire Régional de Recherche sur le Climat

Le dernier panel de l’événement fut l’occasion pour les institutions partenaires conviées de mettre en avant la question de la coopération avec l’ORREC, un des sujets clés de ce Sommet. Tous les représentants présents ont profité de cet évènement pour annoncer (ou rappeler) leur soutien à l’Observatoire Régional de Recherche sur le Climat.

Raja Ali Haji Maritime University de l’Indonésie

En marge de l’ouverture du sommet, l’Observatoire Régional de Recherche pour l’Environnement et le Climat et l’université Raya Ali Haji d’Indonésie ont signé une convention de partenariat pour former les jeunes scientifiques Djiboutiens à l’impact du réchauffement des océans sur les récifs coralliens.

Dans son intervention, Dr Omrah AGUNG DHAMAR SYAKTI de l’université Raya Ali Haji Maritime de l’Indonésie, a indiqué l’importance des données dans la gestion et la prévention des événements climatiques. Il a ainsi salué le pas engagé par l’ORREC et maintenu le soutien de l’université indonésienne dans la lutte contre les luttes contre les effets du changement climatique dans la région.

Observatoire du Sahara et du Sahel

Faisant le rapprochement entre l’ORREC et l’Observatoire du Sahara et du Sahel, Nadia Khammari a expliqué les missions de son institution. Créée en 1992 à Tunis, cette structure qui a une fonction similaire à l’observatoire djiboutien est un acteur de premier plan dans la lutte contre la désertification, l’adaptation aux changements climatiques dans la zone du Sahara et du Sahel.

Évaluer les vulnérabilités, mesurer les impacts du changement climatique, ajuster les stratégies d’adaptation, accompagner l’accès au financement et offrir des informations en temps sont les missions de l’Observatoire tunisien. Des fonctions auxquelles aussi devra s’atteler l’ORREC dans la région de la Corne de l’Afrique.

L’Institut pour la Recherche et le Développement

Dans son intervention, Dominique Dumet, représentant de l’IRD, a rappelé la longue collaboration de l’Institut de Recherche et de Développement avec la république de Djibouti. Il a présenté, par ailleurs, les instruments de partenariat entre l’IRD et l’ORREC. À travers des projets de recherche communs, des ateliers de renforcement de capacité et des programmes dans l’enseignement, l’institution française souhaite “créer des pôles d’excellence dans les pays en partenariat” comme à Djibouti.

L’Université Côte d’Azur

Emmanuel Tric, le vice-président de l’Université Côte d’Azur, a rappelé la fonction essentielle de l’ORREC qui “permettra de mieux prévoir les conséquences du changement climatique et aidera les décideurs politiques à prendre des décisions.” Née en janvier 2020 de la fusion de l’université Nice-Sophia Antipolis et d’autres établissements, l’université Côte d’Azur est prête à travailler avec l’ORREC et travailler en réseau à travers des formations co-diplômantes et des formations continues.

Agence Internationale de l’Energie Atomique

La responsable de la Division Afrique de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Adeline Djeutie, a tout d’abord interpellé sur l’utilisation des réseaux existants tels que l’AFRA. L’AFRA, qui rappelons-le, est un accord entre plusieurs États Membres africains pour intensifier leur collaboration grâce à des programmes et des projets divers.

Adeline Djeutie est également revenue sur l’éducation à l’environnement et la nécessité d’impliquer les jeunes le plus tôt possible aux questions climatiques. Elle a par ailleurs, souligné l’important soutien apporté par son institution au nouvel observatoire djiboutien.

Programme Spatial avec l’Université de Montpellier

Muriel Bernard, directrice qualité et valorisation au Centre Spatial Universitaire de Montpellier (CSUM), quant à elle, s’est exprimée sur le partenariat entre le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche djiboutien et l’Université de Montpellier.

Une collaboration qui offre une formation à 10 étudiants djiboutiens aux sciences spatiales dans le cadre du programme spatial djiboutien. Ce projet ambitieux prévoit le lancement du tout premier nano-satellite djiboutien en orbite en 2022. L’objectif étant de récolter des données climatiques qui permettront une meilleure compréhension et un suivi des changements climatiques qui impactent Djibouti et notamment l’accès aux ressources en eau. Des données qui seront, sans aucun doute, utiles à l’ORREC.

Cet observatoire mérite d’être un carrefour pour la science et ouvert à la région mais pas que, ouvert au monde entier..

S.E. Dr. Nabil Mohamed, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Dans son discours de clôture, le message du ministre djiboutien de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche était très clair : la dynamique collective créée doit se poursuivre. Il a appelé toutes les parties prenantes —Union africaine, universités partenaires, société civile djiboutienne — a travailler en réseau sur le climat et à créer un plan d’action pour l’observatoire. La participation de tous les partenaires dans la mise en place de l’ORREC est primordiale afin d’assurer sa pérennisation, a t-il assuré.

Avec l’ensemble des soutiens présents à la conférence internationale, nul doute que l’Observatoire Régional de la Recherche et du Climat renforcera ses capacités pour les étendre à toute la région de l’Afrique de l’Est.

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