Le monde connait actuellement une crise écologique inquiétante et ce n’est plus un secret pour personne. Néanmoins la question qui revient souvent dans les débats est de savoir qui doit agir en priorité ? Est-ce que nos initiatives seules suffiront à faire la différence et sauver la planète ?
Depuis quelques années, la prise de conscience liée aux problématiques environnementales a bien évolué. Les discussions tournent sur l’écologie tournent autour des éco-gestes en adoptant un mode de vie responsable et respectueux de la nature. Mais qui doit agir ?
Le citoyen lambda ou les grosses usines qui rejettent de tonnes de CO2 par an ? Est-ce que les pays pauvres et les pays développés ont la même responsabilité ? Doit-on rejeter toute la faute sur l’Etat ou devenir soi-même acteur du changement ?
Difficile de pointer du doigt un responsable. Nous partageons tous individuellement et collectivement une même responsabilité vis à vis de l’état actuel de la planète. Par conséquent, chacun à son niveau peut agir pour l’environnement pour laisser une meilleure planète aux générations futures. Parmi les initiatives personnelles pour l’écologie, on entend beaucoup parler des éco-gestes.
Les initiatives individuelles sont nécessaires…
Un éco-geste est un geste quotidien simple à adopter pour diminuer son impact sur l’environnement. Réduire ses déchets, limiter sa consommation d’énergie, faire attention à son utilisation d’eau, lutter contre la pollution au plastique…ces gestes sont à la portée de tout le monde, du plus jeune au moins jeune.
“Idée reçue : « les éco-gestes ne servent à rien »
Faux. Par exemple, une étude menée en France par Carbone 4, un cabinet de conseil spécialisé sur la transition énergétique a révélé que les éco-gestes permettaient une baisse de 25% des émissions de CO2 par habitant (avec une moyenne de de 10,8 t de CO2 par habitant et par an). Les initiatives individuelles ne sont pas donc négligeables si elles sont réalisées quotidiennement par le maximum de personnes.
De plus, en adoptant un mode de vie plus respectueux de l’environnement, vous inspirerez vos familles, vos amis, vos collègues à faire de même. Plus les citoyens seront nombreux à changer leur comportement pour réduire leurs émissions, plus ils pourront influencer les autorités et les forcer à prendre des lois pour préserver le climat et l’environnement. Les citoyens ont donc un devoir moral de rappeler aux pouvoirs publics d’assumer leurs responsabilités à l’égard des problèmes environnementaux.
“Faire sa part est absolument indispensable pour réussir collectivement.”
..Mais les écogestes seuls ne suffisent pas
Si les écogestes sont importants, ils sont insuffisants car les problématiques liées au climat et à l’environnement dépassent largement le cadre du simple individu. Nos actions individuelles sont limitées car nous dépendons d’un système qui prône le capitalisme, ne laissant aucune place à la préservation de la planète.
Il n y’a qu’à voir notre totale dépendance vis à vis des énergies fossiles dans nos villes qui assurent aujourd’hui 80% des besoins énergétiques mondiaux. En 2018, la production mondiale de matières plastiques a atteint un niveau record de 359 millions de tonnes.
Conclusion : même si l’engagement personnel est important, l’État doit engager une transformation profonde des structures de nos sociétés pour lutter contre notre dépendance des énergies fossiles. A quoi ça sert de troquer son véhicule contre un vélo s’il n’existe pas de pistes cyclables ? Pourquoi trier ses déchets si un système de recyclage n’a pas été mis en place ? Pour que les éco-gestes et l’écologie trouvent leur sens, il faut qu’elles soient surtout accompagnées par des transformations de nos modèles de sociétés et c’est à l’État que revient que cette responsabilité.
Il faut une forte volonté politique
Pourquoi il est important que l’État agisse lui aussi ? Parce que les changements de comportements seuls ne freineront le réchauffement planétaire, ni la pollution plastique qui gangrène les pays du monde. C’est à l’État, aux entreprises et aux collectivités de faire bouger les systèmes en place. Ils doivent faire leur part du travail en créant un environnement propice respectueux de la nature.
A Djibouti, il serait intéressant de faciliter l’obtention des prêts des particuliers pour installer les énergies renouvelables, mettre en place une réglementation thermique applicable à toutes les constructions neuves pour réduire la consommation énergétique des bâtiments, encourager le respect de l’environnement par des aides ou des exonérations fiscales.
Il peut également s’attaquer à la gestion des déchets en améliorant le système en place, en faisant respecter scrupuleusement l’arrêté sur l’utilisation et la commercialisation des sacs plastiques et en durcissant les règles quant aux incivilités sur la voie publique. Autrement dit, les actions individuelles peuvent beaucoup changer, à condition qu’elles soient accompagnées par une forte volonté politique.
Une meilleure représentation de l’Afrique sur la scène internationale
Les pays jouent également des rôles essentiels notamment en adoptant des lois et au travers d’accords internationaux. Pour sauver la planète, les chefs d’Etat doivent en effet se mobiliser et ceux du continent africain plus que les autres. En effet, l’Afrique ne représente que 4% des émissions mondiales de carbone mais est le continent le plus vulnérable aux effets néfastes des changements climatiques.
Mais les pays du vieux continent peinent à faire entendre leurs voix. Le dernier exemple avec la COP25 qui s’est tenue à Madrid le 15 décembre 2019 où les demandes de financements demandés par les pays africains n’ont pas été entendues.
L’Afrique dispose déjà du Groupe des négociateurs africains (AGN), une branche de l’Union africaine (UA) qui représente le continent dans les négociations internationales sur le climat mais son influence est encore limitée. Un rapport publié par la fondation allemande Heinrich Böll Stiftung mentionne les freins auxquels l’AGN fait souvent face :
- Lors des sommets pour le climat, contrairement aux pays développés qui envoient des délégations composées de plus de 50 personnes, les pays africains arrivent difficilement à envoyer deux négociateurs généralement. Difficile alors à deux négociateurs d’être présents à toutes les différentes réunions qui se tiennent souvent en parallèle et de défendre correctement les intérêts africains ;
- Les représentants africains sont peu formés techniquement et juridiquement sur la science du climat. Il est aujourd’hui impératif pour les états africains de renforcer la recherche scientifique une meilleure représentation sur la scène mondiale. Nous avons besoin de scientifiques africains prêts à négocier pour l’Afrique lors des conférences mondiales ;
- Enfin, la communication entre les représentants africains est insuffisante. Les pays africains doivent renforcer leurs collaborations afin de mieux défendre les intérêts du continent.
Les états africains doivent être mieux préparer pour faire savoir leurs positions et éviter le pire à leurs pays. En somme, la transition écologique a besoin de l’implication de tous les acteurs : états, collectivités, entreprises et bien celle des citoyens.