Dans une société où tout se jette, les déchets urbains sont un enjeu qui touche à la santé des individus, à leur bien-être mais aussi à l’environnement. Quels dangers potentiels représentent-ils ? Sur l’environnement, sur notre santé ?
Tous les jours, on génère de grandes quantités de déchets : nourritures, sacs en plastique, papiers, vieux téléviseurs, vieilles voitures, batteries, déchets sanitaires, déchets industriels…la liste est très longue. La gestion des ordures ménagères est ainsi devenu un problème universel qui concerne toutes les grandes villes de la planète.
La gestion des déchets ménagers pose également un sérieux problème à Djibouti. Dans certains endroits, les ordures ménagères sont jetées à même le sol et s’amoncèlent aux coins de rue, ce qui ne facilite pas les opérations de chargement et contribue pour une part à l’insalubrité généralisée des quartiers. Une pollution qui au-delà de la capitale, a fait son chemin même dans les zones les plus reculées du pays.
Pourquoi une telle situation à Djibouti ?
Plusieurs causes sont en cause, notamment un taux de couverture d’assainissement insuffisant. En effet, le système de collecte est actuellement assuré par le service de propreté de la ville de Djibouti qui effectue les opérations de collecte des ordures ménagères dans les différents quartiers de la ville. Ces déchets sont ensuite acheminés au centre d’enfouissement technique (CET) situé dans la banlieue de Douda. Le problème est que la fréquence et le taux de collecte restent insuffisants dans beaucoup de quartiers, obligeant certains citoyens à jeter les déchets dans les voies publiques ou dans les caniveaux.
La croissance élevée de la population (à +2,8% en 2017) qui se traduit par l’accroissement de la taille des villes, explique également aussi la problématique des déchets ménagers urbains. Cet accroissement urbain mais aussi l’afflux de réfugiés, suite aux grands bouleversements régionaux, entraînent une occupation anarchique de sites non lotis et l’apparition des nouveaux quartiers sans infrastructures adéquates.
Un dernier point important concerne le manque de sensibilisation des populations quant à la gestion des ordures urbaines. En effet, une grande majorité des djiboutiens n’a pas été éduquée à la gestion des déchets et participe activement à la pollution de la ville. Il est normal, pour la plupart d’entre eux, de jeter leurs déchets dans la nature. Ils ne se rendent pas compte de l’impact de ces gestes anodins sur l’environnement et sur leur santé. Par ailleurs, il arrive que malgré les nettoyages de certaines zones par les services de la voirie, les comportements sociaux perdurent, et les déchets s’entassent de nouveau rapidement. Changer les mentalités et les comportements des djiboutiens est donc une réelle urgence.
Cette situation engendre des nuisances importantes pour les habitants avec des conséquences néfastes sur leur santé, sur l’environnement et sur les ressources naturelles.
L’impact des déchets sur..
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L’environnement
En plus de la pollution visuelle et olfactive, la mauvaise gestion des déchets affecte directement de nombreux écosystèmes et de nombreuses espèces. Ces déchets peuvent être également la source de plusieurs types de pollutions.
Pollution du sol : Les déchets qui ne sont pas collectés de manière adéquate se retrouvent dans la nature. Lorsqu’ils se décomposent, leurs composants (particules de plastique, certaines molécules, etc.) sont libérés et polluent l’environnement. Souvent, la forte interaction entre le sol et les produits toxiques et germes pathogènes issus des déchets ménagers, conduisent à une altération drastique des propriétés du sol.
Ces composants persistent pendant des périodes plus ou moins longues dans la nature. Il convient de noter que la durée de vie d’une canette en métal est de 100 à 500 ans contre 450 ans pour un sac en plastique.
Pollution de l’eau : Les infiltrations qui ont pour origine essentiellement le ruissellement des eaux de pluie, peuvent entraîner vers les sous sols des déchets tels que les piles, les huiles de vidange ou les acides de batteries. Ces produits chimiques hautement toxiques s’infiltrent alors dans les sols et peuvent rejoindre les nappes phréatiques, polluant ainsi la ressource en eau. A savoir que les rejets humains sont la première cause de pollution de l’eau douce.
Pollution atmosphérique : Une fois jetés à la poubelle puis collectés par les services de gestion des ordures, nos déchets seront acheminés dans des centres de stockage, ou décharges. Leur dégradation libère du méthane qui est après le dioxyde de carbone, le deuxième gaz qui contribue le plus au changement climatique. Lors de la dernière COP qui s’est tenue à Glasgow, ce gaz hautement toxique était au centre des discussions. Une centaine de pays s’étaient alors engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30% d’ici 2030 par rapport à 2020.
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La santé
Par ailleurs, on assiste à l’incinération de déchets à ciel ouvert un peu partout dans Djibouti-ville et dans les banlieues. Or, cette pratique entraîne des risques pour la santé pour ceux qui sont exposés directement à la fumée. En effet, le brûlage de déchets à ciel ouvert – y compris des matériaux en apparence inoffensifs comme le papier, le carton, les résidus verts, et les matériaux de construction – libère un mélange dangereux de composés cancérigènes et d’autres substances toxiques lorsque ces matériaux sont brûlés à ciel ouvert.
Les personnes ayant un système respiratoire sensible, ainsi que les enfants et les personnes âgées sont les plus susceptibles d’être affectées. Voici un éventail des polluants issus des émissions de dioxines et de furanes dans l’environnement auxquels nous pouvons être exposés à Djibouti et leurs risques éventuels pour la santé :