La lutte contre réchauffement climatique en Afrique : quelles solutions ?

15 Nov, 2020

Inondations, sécheresses, invasion de criquets pèlerins, les impacts du changement climatique touchent durement l’Afrique et menacent l’économie, la sécurité alimentaire et la santé de cette région déjà fragile. Les pays africains se doivent donc de mettre en œuvre des stratégies afin de faire face aux conséquences considérables de la crise climatique. Quelles solutions s’offrent à eux pour lutter contre le changement climatique?

L’atténuation et l’adaptation au changement climatique

La lutte contre le changement climatique s’articule autour de deux approches : l’atténuation, c’est-à-dire l’ensemble des actions prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et donc les changements climatiques à venir, et l’adaptation qui concerne les mesures pour faire face aux impacts présents et futurs des changements climatiques.

Si plusieurs études présentent les synergies possibles entre ces deux stratégies, il est important de les considérer séparément car elles opèrent avec des échéances et des échelles différentes. Quand l’atténuation vise le long terme et l’échelle mondiale, l’adaptation porte sur le court terme et l’échelle locale.

Contrairement à la plupart des pays du monde qui s’efforcent de réduire leur empreinte carbone comme mesure d’atténuation du changement climatique. La démarche est différente en Afrique où le but est de faire face aux effets liés au climat tout en ayant un développement économique efficace et le minium d’émissions de carbone.

Quelles sont donc les stratégies d’adaptation et d’atténuation au changement climatique en Afrique ? Comment peuvent-elles être mises en place concrètement ?

1. Assurer la sécurité alimentaire

Plus de la moitié des africains dépendent de l’agriculture mais les épisodes climatiques extrêmes frappent de plein fouet les cultures et l’élevage, mettant en péril la sécurité alimentaire de millions d’habitants. Dans ses dernières études, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoient des scénarios de réchauffement du climat qui risquent d’avoir des effets dévastateurs sur la production agricole et la sécurité alimentaire en Afrique si rien n’est fait.

S’appuyant sur les Objectifs de Développement Durable (ODD), de plus en plus de pays africains se tournent vers des projets d’agriculture intelligente face au climat (AIC) pour améliorer la résistance au changement climatique des agriculteurs. L’AIC cherche une augmentation de la productivité tout en limitant les rejets de carbone.

Elle est basée sur le développement de techniques climato-intelligentes comme :

  • L’exploitation des informations météorologiques afin d’aider les agriculteurs à utiliser plus judicieusement l’eau
  • Le déploiement de variétés agricoles résistantes à la sécheresse
  • La sensibilisation des agriculteurs qui sont malheureusement peu informés de l’existence de ces technologies ou qui y ont difficilement accès faute d’infrastructures en zone rurale
  • Le renforcement des aides publiques et des financements pour le développement de l’agriculture intelligente face au climat

La promotion de systèmes agros-sylvos-pastoraux est aussi une excellente occasion d’atténuer le changement climatique. En effet, cette pratique simultanée de l’agriculture, la plantation d’arbres et l’élevage, permet de récupérer une terre plus fertile tout en assurant l’alimentation du bétail.

A Djibouti, le 09 Novembre 2020, le ministère de l’Urbanisme, de l’Environnement et du Tourisme avec le soutien du PNUD et du Fonds pour l’Environnement Mondial, a lancé un projet d’adaptation aux changements climatiques à Djibouti. Ce projet intitulé « Gestion durable des ressources en eau, pâturages et périmètres agro-pastoraux dans le bassin versant de Cheikhetti Wadi » a pour but d’augmenter la résilience des communautés rurales face aux impacts du changement climatique.

Il s’inscrit dans le Plan National d’Adaptation (PNA) établi par la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) en 2010. Ce programme veut aider les pays en développement dans la planification de leur adaptation au changement climatique et a été adopté par les pays africains dont Djibouti. 

Selon les experts du climat, toutes ces méthodes de gestion durable des terres se révèlent essentielles et peuvent, si bien appliquées, contribuer à la durabilité environnementale, sociale et économique.

2. Protéger les terres et la biodiversité

Les forêts sont le refuge d’une biodiversité incroyable et protègent l’approvisionnement en eau. Elles piègent et stockent également le dioxyde de carbone, jouant un rôle essentiel dans l’atténuation du changement climatique. Lorsqu’elles sont coupées ou dégradées, elles se transforment en une source d’émissions de gaz à effet de serre en libérant le carbone stocké.

Avec 11% des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui sont liées à la déforestation, la lutte pour la préservation des forêts est essentielle pour atténuer les émissions mondiales et le changement climatique.  

C’est dans ce cadre, que les parties à la CCNUCC ont créé une initiative appelée REDD+, à savoir la « réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts dans les pays en développement, et le rôle de la conservation, la gestion durable des forêts et l’amélioration des stocks de carbone forestier dans les pays en développement ».

Les projets de REDD+ aident les communautés locales à protéger leurs forêts tout en développant des activités économiques durables grâce à elles. Parmi les activités de ce programme coordonné par la Banque Mondiale, on retrouve :

  • L’aménagement du territoire, la création d’aires protégées et leur surveillance pour lutter contre la déforestation ;
  • La création de nouveaux puits de carbone par le reboisement. Cela a également un impact important sur la diminution de l’érosion et par conséquent la diminution des émissions de gaz à effet de serre contenus dans les sols ;
  • Le soutien des communautés dans le développement d’activités pour subvenir à leurs besoins sans déboiser les forêts. Cela passe par des projets comme l’éco-tourisme qui en combinant tourisme et gestion des aires naturelles protégées, génère un apport économique aux communautés locales.

Par Amina Idan Paul

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